Agée de 60 ans, la fille du magnat de la presse Robert Maxwell, qui possède aussi les nationalités américaine et française, pourrait finir sa vie incarcérée à New York, où elle est détenue depuis deux ans.
"La peine prononcée aujourd'hui rend Ghislaine Maxwell responsable d'avoir commis des crimes odieux contre des enfants. Cela envoie un message fort: personne n'est au-dessus des lois et il n'est jamais trop tard pour la justice", a déclaré dans un communiqué Damian Williams, procureur fédéral du tribunal de Manhattan, où la juge Alison Nathan a rendu son jugement.
Au prononcé de la peine, Ghislaine Maxwell a pour la première fois exprimé sa "sympathie pour toutes les victimes" dans cette affaire.
Reconnue coupable fin 2021
La sexagénaire était incarcérée à New York depuis son arrestation dans le nord-est des Etats-Unis à l'été 2020. Après son procès fin 2021, elle encourait des dizaines d'années de réclusion criminelle.
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Ses avocats avaient formé mi-juin une demande de clémence pour une condamnation à moins de 20 ans, alors même que les textes juridiques et la jurisprudence prévoient jusqu'à 55 années de réclusion et que les procureurs avaient dit tabler sur au moins 30 ans pour sa "responsabilité" et son "manque total de remords" pour ses crimes sexuels.
Ses avocats ont notamment invoqué, en vain, la responsabilité et l'influence néfaste de Robert Maxwell - un père "autoritaire" mort en 1991 en tombant mystérieusement de son yacht - et de Jeffrey Epstein, multimillionnaire qui s'est suicidé en prison à New York en août 2019. Le financier aux puissants réseaux économiques et politiques aux Etats-Unis et à l'étranger était lui-même accusé d'avoir violé des jeunes filles, mais son suicide a éteint l'action publique à son encontre.
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Dépeinte comme une "prédatrice sophistiquée"
Ghislaine Maxwell a été reconnue coupable le 29 décembre par le tribunal de Manhattan, notamment de trafic sexuel de filles mineures dans les années 1990 et 2000. Certaines victimes n'avaient que 14 ans.
Elle avait été dépeinte lors du procès comme une "prédatrice sophistiquée" qui agissait en toute connaissance de cause pour attirer et séduire des jeunes filles et les livrer à Epstein dans ses résidences de Floride, de Manhattan, du Nouveau-Mexique et des Îles Vierges.
Enfance difficile dans un milieu privilégié
"Jane", "Kate", "Carolyn" et Annie Farmer, 42 ans, la seule à s'exprimer sans pseudonyme, avaient dévoilé à l'audience leurs vies abîmées par des relations sexuelles forcées avec Epstein - d'abord des massages sexuels - alors qu'elles avaient entre 14 et 17 ans, souvent en présence de Ghislaine Maxwell.
Née et élevée dans un milieu privilégié au Royaume-Uni, Ghislaine Maxwell a encore assuré ce mois-ci via ses avocats avoir eu "une enfance difficile, traumatisante" et avoir fait "la plus grave erreur de sa vie" en rencontrant Jeffrey Epstein. Tous deux étaient en couple au début des années 1990, avant de devenir collaborateurs professionnels et complices pour leurs crimes sexuels durant près de 30 ans.
ats/vic
"Ghislaine doit mourir en prison".
En arrivant dans la matinée devant le gigantesque palais de justice du sud de New York, l'une des accusatrices du couple Maxwell-Epstein, Sarah Ransome, a lancé: "Oui, Ghislaine doit mourir en prison".
"J'ai passé les 17 dernières années dans ma propre prison pour ce qu'elle, Jeffrey (Epstein) et tous les complices m'ont fait. J'ai été violée à plusieurs reprises. Parfois, j'étais violée trois fois par jour (...). Il y avait un afflux constant de filles qui étaient violées maintes et maintes fois", a affirmé la jeune femme, qui n'était toutefois pas partie civile au procès de Ghislaine Maxwell, ayant conclu un accord à l'amiable avec elle en 2018.
Accord à l'amiable pour le prince Andrew
Dans un volet distinct de ce dossier aux ramifications internationales, le prince britannique Andrew, ami du duo Maxwell-Epstein, a scellé le 15 février un accord à l'amiable - pour 13 millions de dollars selon le Daily Telegraph - avec l'Américaine Virginia Giuffre, l'une des victimes présumée du couple. Elle l'accusait de l'avoir agressée sexuellement en 2001, alors qu'elle avait 17 ans.
La famille royale britannique s'est ainsi évité un procès au civil à New York aussi retentissant qu'embarrassant.
>> Plus de détails dans notre article : Accord à l'amiable pour le prince Andrew qui s'évite un procès embarrassant