Le Vatican a annoncé mi-juin le report des voyages du pape François en République démocratique du Congo et au Soudan du Sud, prévus début juillet, pour raison de santé. Sa visite au Canada, fin juillet, est en revanche encore maintenue pour l'instant.
Opéré du colon en 2021, Jorge Mario Bergoglio, 85 ans, souffre de douleurs persistantes au genou droit et à la hanche. Le 5 mai dernier, il était arrivé à une audience en fauteuil roulant. Alors faut-il y voir les signes avant-coureurs d'une éventuelle renonciation du pape argentin?
"Pas de démission en vue"
Interrogé à ce sujet par la RTS, le prêtre du diocèse de Sion, François-Xavier Amherdt, se montre plutôt circonspect. "Je ne suis pas dans la tête, dans le coeur et dans le corps du pape. A mon avis, il n'y a pas de démission en vue. Il a dit à plusieurs reprises que certains espéraient qu'il se retire, mais qu'il est toujours bien vivant. J'ai l'impression qu'il veut vraiment aller au bout d'un certain nombre de réformes qu'il a lancées", développe le professeur de théologie à l'Université de Fribourg, évoquant notamment sa démarche synodale jusqu'en octobre 2023 et la nomination d'une série de cardinaux.
Le 27 août prochain, le pape va précisément nommer 21 nouveaux cardinaux, dont 16 pourraient techniquement participer au conclave visant à désigner un éventuel successeur après sa démission ou son décès. "Il prépare sa succession, mais cela ne veut pas dire qu'il va se retirer", estime là encore François-Xavier Amherdt.
Pape clivant
L'abbé sédunois affirme que le pape François est très apprécié en Suisse romande. Pourtant, il ne fait pas forcément l'unanimité parmi les plus conservateurs.
"De tout temps, les papes ont eu des opposants. Evidemment, quand vous faites des réformes, ceux qui sont bousculés ne sont pas nécessairement contents. Il est vrai que dans les milieux conservateurs et traditionnalistes, certains se réjouissent à l'idée que le pape se retire. C'est pour cela que l'on fait courir des bruits sur sa possible démission, comme s'il y avait une espèce de pression spirituelle. Mais je crois François très indépendant. C'est un homme de prière", détaille François-Xavier Amherdt.
Garder le dialogue avec la Russie
Le pape François est resté relativement discret sur la question de la guerre en Ukraine, ne condamnant pas fermement l'offensive russe. "La situation est complexe. Je sens la grande prudence du pape jésuite, qui n'a pas explicitement condamné la Russie. Il a continué à rester en dialogue avec le patriarcat de Moscou. Je sens qu'il essaie de ne pas couper les ponts de manière à pouvoir faire en sorte que les églises orthodoxes servent plutôt à la paix, plutôt qu'à encourager la guerre", analyse celui qui a aussi été longtemps arbitre de football.
Propos recueillis par Benjamin Luis
Adaptation web: jfe