Des commandos islamistes avaient ouvert le feu sur des terrasses de café et de restaurants, attaqué la salle de spectacles du Bataclan pendant un concert et trois kamikazes s'étaient fait exploser aux abords du Stade de France pendant une rencontre de football opposant la France et l'Allemagne.
Le groupe Etat islamique avait revendiqué ces attaques.
Sanction rarissime
Mercredi, les cinq magistrats professionnels ont suivi les réquisitions du ministère public, qui avait demandé cette sanction rarissime à l'encontre du seul accusé du box jugé comme co-auteur des attaques de Paris et Saint-Denis, près de la capitale, qui ont "épouvanté et "sidéré" la France.
La perpétuité incompressible, également appelée "perpétuité réelle", rend infime la possibilité pour celui qui y est condamné d'obtenir une libération. Elle n'avait jusque-là été prononcée qu'à quatre reprises.
Les avocats de Salah Abdeslam, qui a affirmé à plusieurs reprises au cours des débats avoir "renoncé" à déclencher sa ceinture explosive le soir du 13 novembre 2015 par "humanité", avaient plaidé contre cette "peine de mort lente".
La cour a considéré que son gilet explosif était "défectueux", remettant "sérieusement en cause" les déclarations de l'intéressé sur son "renoncement".
Excuses
Le Français de 32 ans est resté les bras croisés le regard dur dans le box, pendant toute la durée de la lecture du délibéré, rendu au terme de 148 jours d'audience, ce qui en fait le plus long procès de l'histoire judiciaire française.
"Je ne suis pas un assassin, je ne suis pas un tueur", avait-il soutenu dans ses derniers mots à la cour lundi matin, réitérant ses excuses "sincères" aux victimes.
La salle d'audience spécialement construite pour ce procès n'avait jamais connu une telle affluence, et les rescapés et proches de victimes se serraient les uns aux autres sur les bancs de bois, dans une ambiance électrique.
Les magistrats professionnels ont condamné les 19 coaccusés de Salah Abdeslam, écartant la qualification terroriste pour un seul d'entre eux.
Mohamed Abrini, l'"homme au chapeau" des attaques de Bruxelles, qui était également "prévu" dans les commandos du 13-Novembre, a lui été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité assortie d'une peine de sûreté de vingt-deux ans.
Au total, les cinq magistrats ont prononcé des peines allant de deux années d'emprisonnement à la perpétuité à l'encontre des 20 accusés jugés depuis septembre, dont six par défaut.
"Un procès bien mené"
Invité dans La Matinale à réagir au verdict du procès, l'ancien président de l'Association française des victimes du terrorisme et ancien ambassadeur de France au Danemark François Zimeray estime que ce procès a été bien mené.
"J'ai toujours pensé qu'on ne pouvait pas évaluer le succès d'un procès comme celui-là au nombre d'années de prison prononcé. Ce n'est pas l'indicateur de succès, mais en revanche ce sont les moments de compréhension, parfois d'humanité, la page qu'on écrit dans l'histoire de la nation. Dans chacune de ces souffrances, c'est un peu l'histoire du pays qui s'écrit. De ce point de vue, je pense que ce procès a été très bien mené", explique François Zimeray, lui-même victime d'une attaque terroriste lorsqu'il était en poste.
ats/ebz