Publié

Triomphal, Xi Jinping célèbre les 25 ans de la rétrocession de Hong Kong

Triomphal, Xi Jinping célèbre les 25 ans de la rétrocession de Hong Kong à la Chine. [Keystone - Hong Kong Government Information Services]
Première visite de Xi Jinping à Hong Kong depuis le début de la répression / Le 12h30 / 1 min. / le 1 juillet 2022
"Hong Kong a mis fin au chaos et à la violence et est désormais prête à faire un nouveau bond en avant". Le président chinois Xi Jinping a prononcé un discours triomphal vendredi dans l’ancienne colonie britannique pour marquer le 25e anniversaire de sa rétrocession à Pékin.

Une avalanche de drapeaux chinois flottant au vent, d’imposantes bannières de célébration placardées dans les rues du centre-ville, une foule rayonnante de fonctionnaires et d’écoliers masqués, chantant à l’unisson pour saluer l’arrivée de Xi Jinping: Hong Kong était sur son 31 en ce vendredi de juillet. Seuls quelques milliers de "privilégiés" ont pu assister aux festivités. Des individus triés sur le volet contraints de subir une quarantaine depuis le début de la semaine, Covid-19 oblige.

Au-delà du faste des lieux officiels de célébration dont la population a été tenue à l’écart, un calme plat régnait dans la place financière. Un calme sous très haute surveillance policière: des milliers d’agents ont été mobilisés pour quadriller le territoire. Une atmosphère à mille lieues de l’animation de 2017, lors de la dernière visite de Xi Jinping. A l’époque, les rues étaient peuplées de manifestants brandissant des pancartes bariolées de slogans démocratiques. Certains journaux locaux n’avaient d’ailleurs pas hésité à afficher, en gros titres, leurs critiques en première page.

>> Le sujet du 12h45 :

Le président chinois Xi Jinping célébrait vendredi le 25e anniversaire de la rétrocession de Hong Kong à Pékin.
Le président chinois Xi Jinping célébrait vendredi le 25e anniversaire de la rétrocession de Hong Kong à Pékin. / 12h45 / 1 min. / le 1 juillet 2022

Critiques balayées

Rien de tel cette année, au contraire. Xi a pu constater l’efficacité de la loi sur la sécurité nationale imposée en 2020 par Pékin. Après une année extrêmement mouvementée durant laquelle des millions de Hongkongais avaient battu le pavé pour réclamer le respect de l’autonomie du territoire et des réformes démocratiques, ce texte radical a mis un terme aux aspirations d’une grande partie de la population. Les députés de l’opposition ont été éjectés du parlement de la ville, de nombreux militants et politiciens sont aujourd’hui en exil ou derrière les barreaux.

"Aucun pays ou région du monde ne tolérerait que des agents de l’étranger ne s’emparent du pouvoir. Seuls un gouvernement et des dirigeants patriotiques peuvent garantir à Hong Kong la prospérité et la stabilité à long terme", a déclaré le président chinois dans son discours, balayant ainsi les critiques internationales.

Tout au long de la crise de 2019, Pékin n’a cessé de pointer des manifestations pilotées et financées par les puissances occidentales pour accroître les dissensions et affaiblir le pouvoir chinois. Une manière de justifier l’assaut à l’encontre des valeurs démocratiques dans le territoire, source de critiques: le Parti communiste est accusé d’avoir violé ses engagements internationaux.

>> Le décryptage de Tout un monde :

Des étudiants portant des masques faciaux assistent à une cérémonie de lever du drapeau national chinois dans une école secondaire pour marquer le 25e anniversaire de la rétrocession de Hong Kong à la Chine, à Hong Kong, jeudi 30 juin 2022. [AP Photo/KEYSTONE - Kin Cheung]AP Photo/KEYSTONE - Kin Cheung
Rétrocession de Hong Kong à la Chine: un 25e anniversaire au goût amer pour beaucoup / Tout un monde / 5 min. / le 1 juillet 2022

"Un pays, deux systèmes"

En vertu d’un accord passé avec la couronne britannique avant la rétrocession, la Chine avait promis de garantir à Hong Kong ses libertés et son autonomie pendant au moins 50 ans, soit jusqu’en 2047. Un principe plus connu sous le terme "un pays, deux systèmes". De nombreux gouvernements et observateurs évoquent aujourd’hui une promesse éventrée. "Le Parti communiste chinois n’a jamais compris ce qui faisait le succès de Hong Kong. Il pensait qu’il reposait sur le simple fait d’autoriser aux riches de devenir encore plus riches", regrette Chris Patten, dernier gouverneur britannique de Hong Kong.

Le Parti communiste chinois n’a jamais compris ce qui faisait le succès de Hong Kong

Chris Patten, dernier gouverneur britannique de Hong Kong

Ce dernier loue un système de gouvernance qui permettait de fusionner les valeurs chinoises comme l’assiduité au travail et le souci de la communauté avec les libertés politique et économique propre aux systèmes libéraux. "En anéantissant le principe 'un pays, deux systèmes', le Parti communiste a affiché son mépris et a ouvertement démontré qu’il n’est pas digne de confiance", tonne Chris Patten.

Xi Jinping en pleine ascension

Des habitants ont célébré cette date historique pour Hong Kong. [Keystone - Miguel Candela]
Des habitants ont célébré cette date historique pour Hong Kong. [Keystone - Miguel Candela]

"Pékin a toujours eu autorité sur Hong Kong", a pour sa part rappelé Xi Jinping vendredi. "Les résidents du territoire doivent respecter le leadership chinois dont ils dépendent (et ne pas se laisser aveugler par le système capitaliste) et l’autonomie que leur accorde la mère patrie", a expliqué le président avant de réaffirmer – sous certaines conditions – son attachement au principe "un pays, deux systèmes". Suivant ces assurances, le président a intronisé le nouveau dirigeant de l’ancienne colonie britannique sélectionné par ses soins: John Lee. Homme à poigne, cet ancien policier a été chargé "d'écrire le nouveau chapitre de Hong Kong".

Plus que l’anniversaire des 25 ans de la rétrocession de Hong Kong à la Chine, ces célébrations incarnent une victoire personnelle pour Xi Jinping: une victoire sur le mouvement pro-démocratie mû par les valeurs de libertés et de droits universels. A quelques mois du 20e congrès du Parti communiste, grand-messe politique organisée tous les cinq ans à l’occasion de laquelle la direction du pays est remaniée, Xi affiche une nouvelle fois sa puissance. De quoi renforcer davantage sa stature à l’heure où il s’apprête à briguer un troisième mandat, du jamais vu depuis la mort de Mao Zedong. Un dirigeant que Xi ambitionne d’égaler, voire de surpasser au panthéon communiste. La prise de Hong Kong constitue un pas supplémentaire dans cette ascension.

Michael Peuker

Publié