Le Royaume-Uni
De juin à décembre 2022, des employés issus de 70 entreprises différentes ne travailleront plus que quatre jours par semaine, en gagnant le même salaire. Selon le journal britannique "The Guardian", ce test à grande échelle est le plus vaste au monde. L'objectif du projet est d'étudier l'impact de ce modèle sur l'économie et sur les salariés, alors que les employeurs connaissent des difficultés à recruter.
Etablissements bancaires, informatique, commerce de détail et même une brasserie de bière: tous les corps de métiers sont concernés. A la tête d'une entreprise spécialisée dans l’éco-conseil, Aaron Grainger tire, pour l'instant, un bilan positif de l'expérience: "Cela fait environ 4 ans que nous réfléchissions à la semaine de quatre jours, essentiellement pour améliorer le bien-être de nos employés. Les gens ont tendance à travailler de longues heures dans notre secteur et nous voulions rectifier cela", a-t-il expliqué jeudi dans l'émission Tout un monde de RTS-La1ère.
L'Islande
L’Islande fait partie des pays précurseurs en la matière. Ainsi, entre 2015 et 2019, 2500 Islandais, soit 1% de la population, ont participé à une expérience de réduction du temps de travail. Ils se sont vu proposer de travailler 35h par semaine sur quatre jours, au lieu de 40 sur cinq jours, avec le même salaire à la fin du mois.
L'idée a été lancée par la mairie de Reykjavik et le gouvernement islandais. Et les résultats de l’expérience se sont avérés plutôt prometteurs: la productivité des salariés n'a pas changé et le bien-être des employés s’est amélioré.
La semaine de quatre jours aurait également permis aux employés une meilleure conciliation entre vie professionnelle et vie privée. Ces changements d’horaire n’ont toutefois pas fait l’unanimité partout: beaucoup de cadres n’ont pas réussi à réduire leurs heures en raison de la surcharge de travail.
La Belgique
En Belgique, la semaine de quatre jours est possible sur base volontaire et si l'employeur l'autorise. S'il la refuse, il devra motiver sa décision. Par ailleurs, contrairement à d'autres pays, elle ne s'accompagne pas d'une réduction du temps de travail.
Les personnes qui le souhaitent peuvent donc travailler plus d’heures par jour en échange d’un jour de congé supplémentaire pendant la semaine. Une méthode qui leur permet d'effectuer un travail à temps plein en quatre jours. "Les employés pourront donc travailler neuf heures trente sur quatre jours, au lieu de huit heures sur cinq", explique le journal Le Monde.
La Nouvelle-Zélande
La Première ministre du pays Jacinda Ardern a ouvert la voie à la semaine de quatre jours en mai 2020. Une manière, selon la Première ministre, de relancer l'économie du pays après la crise du Covid-19, en particulier le secteur du tourisme.
Le bilan très positif de l'entreprise Perpetual Guardian, qui a adopté ce modèle en 2018, a fortement inspiré le gouvernement néo-zélandais. En effet, les résultats de cette expérience se sont révélés édifiants: sur un échantillon de 240 salariés, la productivité hebdomadaire est restée la même, impliquant une meilleure productivité horaire.
Le niveau de stress est passé lui de 45% à 38%. L'équilibre entre vie professionnelle et vie privée s'est également amélioré.
Le Japon
Au pays du Soleil-Levant, connu pour sa culture des heures supplémentaires, le modèle d'une semaine de 4 jours fait également son chemin. "Une situation autrefois impensable dans un pays dont la prospérité d'après-guerre reposait sur une main-d'œuvre prête à sacrifier la vie familiale pour le bien de l'entreprise", analyse le quotidien japonais Asahi Shimbun.
Ce mouvement est encouragé par une réforme économique et fiscale du gouvernement. La pandémie de Covid-19 et la difficulté des entreprises à recruter du personnel ne sont également pas étrangères à cette décision.
Parmi les entreprises qui ont opté pour ce modèle figurent Panasonic et le groupe Hitachi. La firme américaine Microsoft a également franchi le pas, en été 2019, auprès de ses 2300 employés japonais. Résultat: selon les données fournies par Microsoft, la productivité des employés augmenté de 40%.
L'Espagne
Dans le cadre d'un projet pilote, pas moins de 200 entreprises espagnoles volontaires vont tester la semaine de quatre jours cette année. L'expérimentation, qui représente un budget de 50 millions d'euros, devrait durer trois ans. Les salariés travailleront 32 heures par semaine, au lieu des 40 actuelles, sans baisse de salaire.
Cette expérimentation fait suite à une proposition du groupe parlementaire de gauche radicale Más País en janvier 2021.
A la fin du test, les résultats seront comparés avec la productivité d’autres entreprises qui auront, quant à elles, conservé la semaine de cinq jours.
Hélène Krähenbühl