Robert Mardini: les belligérants "doivent faire plus pour protéger les civils" en Ukraine
Selon les chiffres du Haut commissariat aux réfugiés (HCR) de l'ONU, quelque 6,5 millions d'Ukrainiens et Ukrainiennes ont fui la guerre vers des pays voisins et 7 millions de déplacés ont été enregistrés sur le territoire ukrainien.
Les pays européens qui ont accueilli le plus de réfugiés sont l'Allemagne (867'000), la République Tchèque (382'768) et la Turquie (145'000). La Suisse compte actuellement plus de 55'330 réfugiés venus d'Ukraine.
Pour le directeur du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) Robert Mardini, interrogé samedi dans le 19h30, ces chiffres sont "très impressionnants". Ils témoignent de la violence des combats et des situations insoutenables où des civils ont dû tout abandonner pour se mettre en sécurité.
Les civils pas assez protégés
Avec plus de 700 collaborateurs et collaboratrices sur le terrain et un travail avec les partenaires humanitaires, le CICR estime être encore en mesure d'apporter une assistance effective à la population ukrainienne.
"Plus d'un million de déplacés internes ont reçu des vivres, du matériel d'hygiène et du cash pour pouvoir survenir à leurs besoins. Nous avons également pu rétablir l'approvisionnement en eau potable dans plusieurs villes, dont Irpin et Boutcha", a indiqué Robert Mardini.
Le rôle du CICR consiste principalement à protéger les civils, a souligné le directeur, notamment en dialoguant avec les parties au conflit pour leur rappeler les obligations en matière de protection de la population civile, régies par les Conventions de Genève. Ce dialogue quotidien est aujourd'hui difficile. "Les parties au conflit doivent faire beaucoup plus, ce n'est pas une option", a martelé Robert Mardini.
Nécessité de l'aide humanitaire
A deux jours de la conférence de Lugano au Tessin, qui aura pour mission d'élaborer un plan de reconstruction de l'Ukraine, le directeur du CICR considère que l'événement amène une perspective positive à la population et aux personnes qui sont "dans l'incertitude du lendemain".
Toute reconstruction doit passer par un processus politique et diplomatique, "mais tant que les canons tonnent, c'est l'action humanitaire qui peut faire une différence", a insisté Robert Mardini.
Propos recueillis par Jennifer Covo
Adaptation web: Isabel Ares