Jeudi, la capitale soudanaise a connu sa journée la plus sanglante depuis le début de l'année avec la mort de neuf manifestants qui réclamaient le retour des civils au pouvoir, plus de huit mois après le putsch militaire qui a plongé le Soudan dans la violence et aggravé la crise économique.
"Nous continuerons nos actions contre le putsch jusqu'à la formation d'un gouvernement composé de civils uniquement", a déclaré dimanche à l'AFP Mouayad Mohammed, un manifestant dans le centre de Khartoum.
Le putsch mené le 25 octobre 2021 par le chef de l'armée, le général Abdel Fattah al-Burhane, a brutalement mis fin à un fragile partage du pouvoir entre civils et militaires installé après la destitution en 2019 par l'armée du dictateur Omar el-Béchir, sous la pression d'une révolte populaire.
Dimanche à Khartoum, des véhicules des Forces de soutien rapide (RSF), un puissant groupe paramilitaire, ont quadrillé le quartier général de l'armée, ainsi que plusieurs rues dans le centre de la capitale, selon un journaliste de l'AFP sur place.
Condamnation de l'ONU
Les Forces de soutien rapide (RSF) dirigées par le numéro deux du pouvoir militaire, Mohamed Hamdan Daglo dit "Hemedti", sont issues de la milice armée des Janjawids accusée d'avoir commis des atrocités dans la région soudanaise du Darfour (ouest). Les RSF ont été accusées d'implication dans la répression de la révolte de 2019.
Pas de quoi décourager Soha, une manifestante de 25 ans: "nous n'accepterons aucun compromis tant que nos revendications ne seront pas devenues réalité, nous sommes dans la rue pour obtenir la liberté, la paix, la justice, un gouvernement civil et le retour des militaires dans leurs casernes", a-t-elle déclaré dimanche à l'AFP.
La répression des manifestations jeudi a été condamnée par la communauté internationale et la haute-commissaire aux droits de l'Homme de l'ONU Michelle Bachelet a réclamé vendredi une "enquête indépendante".
Depuis le putsch, 114 manifestants ont été tués et des milliers blessés par les forces de l'ordre qui, selon l'ONU, tirent régulièrement à balles réelles sur la foule. La dernière victime en date, blessée lors d'une manifestation il y a plusieurs semaines, est décédée samedi, selon des médecins prodémocratie.
ats/ther