Publié

La lutte anti-corruption au centre de la Déclaration de Lugano sur la reconstruction de l'Ukraine

La Déclaration de Lugano pose la première pierre du processus d'aide à la reconstruction de l'Ukraine
La Déclaration de Lugano pose la première pierre du processus d'aide à la reconstruction de l'Ukraine / 19h30 / 1 min. / le 5 juillet 2022
La lutte contre la corruption sera au centre de la reconstruction en Ukraine. Elle fait partie des sept principes approuvés dans la Déclaration de Lugano par des dizaines d'Etats et organisations internationales. Le président de la Confédération Ignazio Cassis a estimé que l'objectif de la conférence était "atteint".

Face à la presse, Ignazio Cassis a estimé avoir atteint l'objectif. "Je suis très content", a-t-il dit, ajoutant que les dernières divergences ont pu être clarifiées tôt mardi. Dans la déclaration, les participants "condamnent dans les termes les plus forts l'agression militaire de la Russie contre l'Ukraine". Ils reconnaissent l'avenir européen de Kiev après l'approbation de son statut de candidat à l'UE.

"Nous, et vous, avons pris une première étape clé vers la longue voie qui mène à la reconstruction de l'Ukraine", a affirmé le président de la Confédération après une minute de silence dédiée aux victimes dans ce pays. "Notre travail prépare la période d'après la guerre", a-t-il insisté devant les représentants d'environ 40 Etats et d'une quinzaine d'organisations internationales.

>> Le suivi de la Conférence sur la reconstruction de l'Ukraine : La lutte anti-corruption au centre de la Déclaration de Lugano sur la reconstruction de l'Ukraine

Une rencontre qualifiée d'historique

La Suisse voulait faire de Lugano le lancement international de la reconstruction en Ukraine. L'annonce récente d'une autre conférence par le G7 dans les prochains mois ne semble pas avoir diminué sa portée.

De l'Union européenne à l'Ukraine en passant par l'ONU, de nombreux acteurs ont mentionné une rencontre "historique" ou une ligne directrice pour les efforts qui vont durer des décennies. Même si les grandes puissances ont montré ces dernières semaines qu'elles donnaient le ton.

Intégrer les minorités

Londres et, a priori, Berlin organiseront les deux prochaines réunions sur la reconstruction de l'Ukraine en 2023 et 2024. Washington et Bruxelles abriteront des bureaux de supervision des efforts internationaux. Ignazio Cassis s'est réjoui que les grandes puissances garantissent avec leurs poids un soutien important.

La lutte contre la corruption avait été largement mentionnée dans les discours lundi. Des experts doutent de la possibilité d'éviter des problèmes et un possible détournement des financements par des oligarques. Mais le Premier ministre ukrainien Denys Chmygal, qui a salué en Ignazio Cassis un "grand ami de l'Ukraine", a promis que la corruption serait "éliminée", notamment en numérisant l'économie et les dispositifs de l'administration.

Parmi les autres principes de la Déclaration de Lugano, le fonctionnement de la justice devra être garanti. La reconstruction sera liée à la poursuite des réformes. L'Ukraine doit piloter le dispositif avec le soutien international. Les communautés de tout le pays, dont les minorités, doivent participer.

Le secteur privé et la société civile seront associés. Malgré la guerre, "il y a des possibilités d'investissements", a dit Ignazio Cassis à des représentants économiques. La reconstruction ne doit pas porter que sur les infrastructures et les institutions, mais sur toutes les composantes économiques, sociales et environnementales.

>> Quel premier bilan? Le décryptage de Forum :

La Conférence de Lugano sur l'Ukraine à l’heure du bilan
La Conférence de Lugano sur l'Ukraine à l’heure du bilan / Forum / 3 min. / le 5 juillet 2022

>> Lire aussi : Dmytro Kuleba: la guerre russe "est basée sur la destruction de tout ce qui se trouve sur son passage"

Une facture à 750 milliards

Dans la déclaration, les participants soutiennent également le dispositif présenté lundi par Denys Chmygal. Le coût du rétablissement est estimé désormais à 750 milliards de dollars par Kiev.

Et pour le financer, l'Ukraine répète qu'elle souhaite surtout que les fonds d'oligarques et du gouvernement russes gelés par les différents Etats soient utilisés. Ceux-ci pourraient alimenter au moins environ la moitié du montant requis.

Denys Chmygal a notamment également dit qu'il souhaite des négociations internationales pour des règles afin de débloquer des avoirs rapidement en cas d'agression. Une approche à laquelle le président de la Confédération oppose la prudence, rappelant que le droit à la propriété est "un droit fondamental" et disant à la presse que le gel de fonds "n'est pas un spectacle".

"Nous reconstruirons tout"

Aux participants, Denys Chmygal a promis qu'"après la guerre, nous reconstruirons tout". "Mieux qu'avant", ajoute également le chef du gouvernement ukrainien.

Il avait estimé lundi que des milliers d'experts, de parlementaires ou d'acteurs économiques ont contribué au plan ukrainien de reconstruction. La délégation ukrainienne, dotée de plus de 60 personnes, a présenté des approches très détaillées et a encore promis de mettre la population au centre de ses efforts.

Trois étapes sont attendues. A court terme, il faudra aider directement la population pendant un an après la guerre, selon Denys Chmygal. Il faudra ensuite financer des milliers de projets de reconstruction de centres de santé et d'autres bâtiments importants. A long terme, il faut préparer une Ukraine européenne, plus verte, même si les ONG ont déploré le manque d'annonces concrètes sur cette question, et plus numérique, de même que des infrastructures de santé et militaires.

Mardi, la Suisse a dit qu'elle va doubler son soutien à l'Ukraine pour atteindre 100 millions de francs d'ici fin 2023. Elle versera aussi 15 millions pour l'économie numérique. Les Etats-Unis vont eux débloquer dans les prochains mois 6,2 milliards de dollars.

ats/fgn

Publié