Publié

Le palais du président reste occupé au Sri Lanka en attendant sa démission

Au Sri Lanka, le président démissionnaire Gotabaya Rajapaksa reste caché dans un lieu tenu secret
Au Sri Lanka, le président démissionnaire Gotabaya Rajapaksa reste caché dans un lieu tenu secret / 19h30 / 1 min. / le 10 juillet 2022
Les manifestants qui ont chassé le président du Sri Lanka de son palais ont bien l'intention de continuer à occuper le bâtiment jusqu'à ce qu'il démissionne la semaine prochaine, comme il l'a promis. La situation dimanche restait très confuse.

Ils étaient des centaines de milliers samedi rassemblés dans le quartier des résidences officielles pour montrer leur colère face à la crise économique sans précédent que connaît le pays et dont ils jugent le président Gotabaya Rajapaksa en partie responsable.

Et parmi eux, plusieurs centaines ont réussi à pénétrer dans le palais présidentiel, escaladant les grilles tandis que les gardes s'efforçaient de les retenir juste assez longtemps pour pouvoir emmener le président.

"Notre lutte n'est pas finie", expliquait dimanche Lahiru Weerasekara, un des étudiants à la tête du mouvement. "Nous n'abandonnerons pas tant qu'il ne sera pas vraiment parti", a-t-il déclaré aux journalistes.

>> Lire aussi : Le président du Sri Lanka fuit devant les manifestants et démissionne

Réfugié sur un bateau

Le président, réfugié à bord d'un navire militaire et en route pour une base militaire du nord-est de l'île, a en effet annoncé, à l'issue d'une journée marquée par d'autres coups de force des manifestants, qu'il était prêt à démissionner... mercredi prochain.

Le président sri-lankais Gotabaya Rajapaksa a été élu en 2019. [Keystone - Eranga Jayawardena]
Le président sri-lankais Gotabaya Rajapaksa a été élu en 2019. [Keystone - Eranga Jayawardena]

Les événements de samedi sont le point culminant des manifestations incessantes et parfois violentes de ces derniers mois face aux pénuries d'alimentation, de médicaments et d'énergie que connaît le pays, et dont les habitants rendent en grande partie responsables l'incompétence et la corruption du clan Rajapaksa, des frères qui se partageaient le pouvoir depuis plus de quinze ans.

Dans ce pays autrefois à revenu intermédiaire, les trois quarts de la population en sont maintenant à réduire leur alimentation, selon les Nations unies qui ont prévenu dimanche d'un risque de grave crise humanitaire.

Pique-niques et fauteuil présidentiel

Mais dimanche, pour les manifestants, l'humeur était à la joie. Joie de la victoire, puisque le président a promis qu'il quitterait son poste. Mais aussi joie plus immédiate de profiter pour quelques heures du luxe habituellement réservé aux dirigeants de l'Etat.

Car ils occupent non seulement le palais présidentiel mais aussi celui du Premier ministre, et les bureaux de ces deux dirigeants.

Et dimanche matin on pouvait voir la foule déambuler tranquillement dans tous ces bâtiments, profitant des fauteuils moelleux ou faisant la queue pour s'asseoir, à tour de rôle, dans le fauteuil présidentiel, admirant les oeuvres d'art, essayant le piano à queue ou s'émerveillant de l'air conditionné.

A l'extérieur, certains avaient dès samedi profité de la piscine, et dimanche dans le parc de cette ancienne résidence du gouverneur de Ceylan à l'époque de la colonisation britannique, comme dans celui de la résidence du Premier ministre, des familles pique-niquaient un peu partout, et des cuisines provisoires avaient même surgi ça et là.

>> Les précisions dans le 12h45 :

La pandémie et des décisions politiques contestées ont plongé le Sri Lanka dans une crise économique et politique sans précédent.
La pandémie et des décisions politiques contestées ont plongé le Sri Lanka dans une crise économique et politique sans précédent. / 12h45 / 1 min. / le 11 juillet 2022

Attente et urgence

La situation politique, elle, restait dimanche incertaine. Si le président démissionne bel et bien comme promis le 13 juillet, le Parlement aurait alors un mois, selon la loi, pour lui élire un remplaçant.

Un délai bien long étant donné l'état de crise du pays. Le président du Parlement a d'ailleurs affirmé que les législateurs désigneraient le nouveau président députés d'ici une semaine. Mais aucun candidat ne semble pour l'instant rassembler une majorité de suffrages.

Tous les responsables, aussi bien au Sri Lanka qu'à l'étranger, espèrent voir la crise politique résolue au plus vite pour que le pays puisse s'attaquer au désastre économique provoqué en grande partie par la perte des recettes touristiques consécutives à un attentat jihadiste en 2019 puis la pandémie de Covid-19.

Le chef d'état-major a appelé au calme, assurant qu'il était possible "de résoudre la crise de manière pacifique et constitutionnelle".

Le pays, qui a fait défaut sur le paiement sur sa dette en avril, est actuellement en négociation avec le FMI, qui a dit dimanche espérer "un règlement rapide" de la situation pour permettre "la reprise de notre dialogue".

>> Lire aussi : Le Sri Lanka va imposer des quotas hebdomadaires sur le carburant

ats/jfe

Publié