La cérémonie des obsèques s'est déroulée en début d'après-midi au temple bouddhiste Zojoji, dans le centre de Tokyo, en présence notamment de la veuve de Shinzo Abe, Akie Abe, et du Premier ministre en exercice Fumio Kishida.
De nombreuses personnes s'étaient rendues spontanément dès le matin devant le temple pour y rendre hommage au dirigeant dont la mort violente à 67 ans a choqué le pays.
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"Je suis choqué et en colère. Je n'arrive pas à surmonter ma tristesse, alors je suis venu déposer des fleurs et prier", a confié un habitant. "Je le respectais vraiment. C'était un grand Premier ministre qui a fait beaucoup pour accroître la présence du Japon dans le monde", a-t-il ajouté.
Des hommages publics doivent avoir lieu à une date ultérieure à Tokyo et dans le département de Yamaguchi, dans le sud-ouest du Japon, dont Shinzo Abe était l'un des députés au Parlement.
Des hommages internationaux
Après la cérémonie, le cortège funéraire a quitté le temple pour passer devant des institutions politiques où Shinzo Abe a officié au cours de sa carrière: le Parlement, le bureau du Premier ministre et le siège du Parti libéral-démocrate (PLD, droite nationaliste) au pouvoir.
Devant chaque bâtiment, des ministres, des responsables et des employés se sont inclinés, les mains jointes, au passage du corbillard. Assise à l'avant du véhicule noir, Akie Abe tenait devant elle la tablette de bois où était inscrit le nom posthume de son époux, selon la tradition bouddhiste.
Plus de 2000 personnes avaient déjà participé lundi à une veillée funèbre dans le même temple, dont Fumio Kishida, un représentant de l'empereur Naruhito, des figures du monde politique et économique japonais et des diplomates étrangers.
La secrétaire américaine au Trésor Janet Yellen, actuellement en déplacement en Asie, s'est également rendue lundi à la veillée funèbre, et le vice-président de Taïwan a effectué une visite discrète à Tokyo pour l'occasion.
Le ministre japonais des Affaires étrangères Yoshimasa Hayashi a par ailleurs annoncé mardi que plus de 1700 messages de condoléances avaient été reçus au total depuis 259 pays, territoires et organisations internationales.
Selon des médias locaux, Shinzo Abe recevra à titre posthume le Grand collier de l'ordre suprême du Chrysanthème, la plus prestigieuse décoration dans l'Archipel.
Le suspect arrêté
Il avait été attaqué à l'arme à feu vendredi alors qu'il participait à un meeting électoral à Nara, dans l'ouest du Japon, en vue des élections sénatoriales de dimanche, où le Parti libéral-démocrate (PLD, droite nationaliste) auquel il appartenait a sans surprise remporté une confortable victoire.
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Son assassin présumé, arrêté sur les lieux de l'attaque, a été identifié par la police comme un ancien membre de la Force maritime d'autodéfense, la marine japonaise. Selon des sources policières citées par des médias locaux, il aurait regardé sur YouTube des vidéos montrant comment fabriquer une arme à feu artisanale comme celle utilisée pour l'attaque.
Le suspect a expliqué avoir délibérément visé Shinzo Abe, disant en vouloir à une organisation à laquelle il le pensait affilié. Des médias nippons avaient rapidement affirmé qu'il s'agissait d'une organisation religieuse à laquelle la mère de l'homme arrêté aurait versé des dons importants, mettant leur famille en grande difficulté financière.
L'Eglise de l'Unification, un culte d'origine sud-coréenne également connue sous le nom de "secte Moon", a confirmé lundi lors d'une conférence de presse à Tokyo que la mère du suspect faisait partie de ses fidèles mais a assuré que Shinzo Abe n'était ni un membre ni un conseiller de l'organisation.
afp/iar
Un Premier ministre à l'important héritage
Shinzo Abe, héritier d'une dynastie politique, détenait le record de longévité au poste de Premier ministre au Japon, qu'il a occupé en 2006-2007, puis de nouveau de fin 2012 à l'été 2020.
A la fois nationaliste et pragmatique, il a marqué les esprits avec sa politique économique audacieuse surnommée les "Abenomics", combinant des relances budgétaires massives avec une politique monétaire ultra-accommodante.
Il prônait aussi un Japon décomplexé de son passé militariste et rêvait de réviser la Constitution pacifiste japonaise de 1947, écrite par les occupants américains et jamais amendée depuis. Il avait été contraint de démissionner pour des raisons de santé, mais était resté très influent au sein du PLD qu'il avait longtemps dirigé.