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Au Pakistan, la fonte des glaciers fait vivre un enfer aux habitants

Au Pakistan, l'enfer de la fonte des glaciers
Au Pakistan, l'enfer de la fonte des glaciers / L'actu en vidéo / 1 min. / le 13 juillet 2022
Au Pakistan, 7000 glaciers subissent les assauts constants du réchauffement climatique. Dans le sillage des inondations provoquées par leur fonte, la vie des habitants de la zone est menacée.

Ce jour où les flots ont déboulé dans son village d'Hassanabad, dans le nord du Pakistan, Javed, un professeur de mathématiques à la retraite, devait assister au mariage d'un neveu. "Je m'attendais à ce que les femmes et les enfants chantent et dansent. A la place, je les ai entendus hurler de peur", raconte-t-il. "C'était comme la fin des temps."

Dans la catastrophe, survenue en mai, en pleine canicule, neuf maisons ont été détruites et une demi-douzaine endommagées. Le déferlement d'eau a aussi emporté deux micro-centrales hydro-électriques et le pont qui reliait ce village isolé au reste du pays.

Le Pakistan dispose de plus de 7000 glaciers, soit plus qu'aucun autre pays sur Terre en dehors des terres polaires. Mais avec le réchauffement climatique, ceux-ci fondent rapidement, créant des milliers de lacs glaciaires.

Des lacs glaciaires qui débordent

Trente-trois de ces lacs, formés dans les chaînes de l'Himalaya, de l'Hindu Kush ou du Karakoram, risquent fortement de déborder et de déverser en aval des millions de mètres cubes d'eau et de débris, selon les autorités.

Au moins 16 cas de vidange brutale d'un lac glaciaire causés par la hausse des températures ont déjà été recensés cette année, contre cinq ou six l'an passé, a indiqué cette semaine le gouvernement. Les dégâts sont généralement tellement importants qu'il est difficile pour les communautés locales de se remettre de telles catastrophes.

A Hassanabad, Javed et les autres habitants ayant perdu leur maison ont été déplacés dans un camp à proximité du village. Sous leurs tentes de fortune, traînent les rares biens qu'ils ont pu sauver et des matelas pour dormir. "Nous n'avions jamais pensé que nous passerions de riches à loqueteux", soupire Javed.

Le thermomètre à plus de 50 degrés

Le Pakistan est particulièrement vulnérable au dérèglement climatique. Il figure en 8e position des pays les plus menacés par les phénomènes météorologiques extrêmes, selon une étude de l'ONG Germanwatch.

Il est confronté à des périodes de chaleur de plus en plus fréquentes, anticipées et étouffantes. Cette année, les températures ont par endroits dépassé les 50 degrés.

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Réchauffement climatique: Les températures dépassent les 50 degrés en Inde et au Pakistan / 12h45 / 1 min. / le 18 mai 2022

Les inondations et les sécheresses ont tué et déplacé des milliers de personnes ces dernières années, endommageant les infrastructures et détruisant les moyens de subsistance.

Selon le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud), le manque d'information sur les changements que connaissent les régions glaciaires au Pakistan empêche de prédire avec précision là où une catastrophe pourrait survenir.

Même si Hassanabad disposait d'un système d'alerte, avec des caméras pour surveiller le niveau des lacs glaciaires, les habitants étaient persuadés de vivre suffisamment en altitude pour être à l'abri, selon des responsables locaux.

Les communautés montagnardes dépendent du bétail, des vergers, des fermes et du tourisme pour survivre. Mais tout est menacé par le changement climatique.

Catastrophes à répétition

Un peu au nord d'Hassanabad est situé le hameau de Passu, qui a perdu près de 70% de ses habitants et de son étendue après avoir été frappé par des crues soudaines et en raison de l'érosion naturelle de la rivière.

Le village est coincé entre deux glaciers, au nord et au sud, et la rivière Hunza à l'est. Ces trois éléments naturels sont appelés "dragons" par les habitants, pour leur pouvoir de destruction. Pour parer à la menace, des ouvriers construisent un mur en béton sur l'une des rives proches, pour tenter de protéger le village de l'érosion.

Même si les objectifs internationaux les plus ambitieux consistant à limiter à 1,5 degré la hausse des températures liée au réchauffement climatique d'ici la fin du siècle sont respectés, près d'un tiers des glaciers pakistanais pourraient avoir fondu d'ici là, avait indiqué l'organisation International Centre for Integrated Mountain Development (Icimod), basée au Népal, dans une étude parue en 2019.

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"En 2040, nous pourrions commencer à être confrontés à des problèmes de pénurie d'eau qui pourraient mener à la sécheresse et à la désertification. Et avant cela, nous pourrions devoir faire face à d'intenses et fréquentes inondations le long des rivières, et bien sûr à des crues soudaines", estime Aisha Khan, la cheffe de l'Organisation pakistanaise de protection des montagnes et glaciers.

L'économie locale menacée

Le Pakistan, qui abrite une population de 220 millions d'habitants, dit n'être responsable que de moins de 1% des émissions mondiales de gaz à effet de serre.

Malgré cela, il est particulièrement menacé par le dérèglement climatique, car très dépendant de son agriculture et de ses ressources naturelles, des secteurs très sensibles aux modifications du climat.

Asif Sakhi, un militant politique local, remarque que les habitants de la région craignent de plus en plus la menace posée par les glaciers, et regrette: "Cette zone appartient aux glaciers; nous l'avons occupée".

afp/doe

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