Trois fois par semaine, les enfants de l'école maternelle Albert Camus à Sarcelles, en banlieue parisienne, s'initient au rythme et à la musicalité, ainsi que se familiarisent au violon. Une couleur est attribuée à chaque corde. Grâce à des gommettes, il n'est pas nécessaire pour les élèves de connaître le solfège. Sous l'oeil de leur professeure de violon, ils apprennent aussi la rigueur et la bonne posture.
A Sarcelles, chaque enfant suit des cours de violon pendant quatre ans avec son propre instrument, adapté à sa taille. Mis en place grâce à la Fondation Vareille, installée à Zurich, le projet pilote vise à prouver que la pratique régulière d'un instrument de musique, dès le plus jeune âge, a un impact bénéfique sur le développement du cerveau.
Rapidité d'apprentissage améliorée
"Cela crée énormément de connexions entre le cerveau gauche et droit. Même si l'élève arrête de jouer ultérieurement, les connexions seront toujours là et il continuera à les utiliser", souligne Hélène Vareille, directrice de la fondation éponyme, mardi dans l'émission de la RTS Tout un monde. Concentration, attention ou encore empathie, le violon joue sur le comportement des élèves, observe la directrice de l'école.
Avec le mouvement répétitif de sortir et ranger leur instrument de son étui, leur "motricité fine" se voit également améliorée. Il y a ainsi un transfert sur la rapidité d'apprentissage. "Je termine l'année en grande section (entre 5 et 6 ans, ndlr.) avec des élèves qui sont des lecteurs. Ça ne m'était jamais arrivé. C'est extraordinaire", note l'une des enseignantes de l'école de Sarcelles.
Généraliser le programme
Depuis 2019, plusieurs recherches sont menées pour mesurer l'impact réel de la pratique du violon. Le CNRS compare l'évolution cognitive et comportementale des enfants. Un autre laboratoire conduit un projet d'imagerie cérébrale.
L'objectif de la Fondation Vareille est de lutter contre l'échec scolaire et ainsi assurer l'égalité des chances. Le projet coûte 500 euros (490 francs) par élève. Après cette expérimentation, les mécènes souhaitent que l'éducation nationale prenne le relais et généralise le dispositif dans l'ensemble de la France pour la rentrée 2025.
Du côté de la Suisse, après Martigny, Zurich, Vernier et Monthey, le programme doit ouvrir à Steg à la rentrée scolaire. Mais cette fois-ci, il sera financé par le canton du Valais.
Jihane Bergaoui/vajo