Le texte a été adopté par 12 voix sur 15, celles de la Russie, de la Chine et des dix membres non permanents du Conseil de sécurité. Les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la France se sont abstenus pour marquer leur désaccord avec une durée qu'ils jugent insuffisante pour planifier correctement l'acheminement de l'aide.
"La Russie a forcé la main de tout le monde: soit le dispositif était fermé, soit il était prolongé de six mois" et "on ne pouvait pas laisser des gens mourir", a résumé un ambassadeur réclamant l'anonymat lors de l'accord de principe survenu lundi entre les 15 membres du Conseil de sécurité sur une nouvelle prolongation.
Pour être adopté, un texte doit recueillir au moins neuf voix sur quinze sans vote négatif d'un des cinq membres permanents du Conseil de sécurité (Etats-Unis, France, Royaume-Uni, Russie, Chine).
"Question de vie et de mort"
La résolution prévoit la reprise par l'ONU de l'utilisation du point de passage de Bab al-Hawa, à la frontière entre la Syrie et la Turquie, qui n'était plus accessible aux Nations unies depuis dimanche soir après l'expiration de l'autorisation onusienne.
Créé en 2014, le mécanisme transfrontalier permet d'acheminer de l'aide humanitaire, sans autorisation de Damas, à plus de 2,4 millions de personnes dans la région d'Idleb (nord-ouest) qui demeure sous contrôle de groupes djihadistes et des rebelles. Ce mécanisme est "essentiel pour les gens (...) c'est une question de vie et de mort pour nombre d'entre eux", a relevé le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres.
Le texte adopté, porté par l'Irlande et la Norvège, intègre la possibilité d'une nouvelle extension du dispositif en janvier 2023 pour six mois, sous réserve de l'adoption d'une nouvelle résolution, comme l'avait proposé la semaine dernière la Russie. Tant l'Irlande que la Norvège se sont dites "soulagées" que le mécanisme transfrontalier puisse continuer à fonctionner.
Tensions bien avant la guerre en Ukraine
Aux yeux de Moscou, cette opération viole la souveraineté et l'intégrité territoriale de la Syrie, appelant à davantage d'aides en provenance du pays-même, une hypothèse qui fait craindre à l'opposition une prise de contrôle des livraisons par Damas.
Prolonger cette mission humanitaire est de longue date une question épineuse, bien avant le début de l'offensive de la Russie en Ukraine qui a alimenté les tensions entre Moscou et l'Occident.
ats/ami