Cette décision, annoncée par des médias locaux au Japon, est l'aboutissement d'une procédure judiciaire lancée en 2012 par des actionnaires de Tepco. C'est la première fois que d'anciens dirigeants du groupe sont jugés responsables de la catastrophe de Fukushima Daiichi, survenue après le gigantesque tsunami de 2011.
A leur sortie du tribunal, des plaignants ont brandi des banderoles où l'on pouvait lire: "Responsabilité reconnue" et "Les actionnaires ont gagné". Les plaignants ont précisé dans un communiqué le montant total des dommages-intérêts ordonnés par la cour.
Absence de "sens de la sûreté"
Dans sa décision, le juge a estimé que "le sens de la sûreté et de la responsabilité requis pour un opérateur d'une activité nucléaire faisait fondamentalement défaut", selon la chaîne de télévision publique japonaise NHK.
Les actionnaires faisaient valoir que le désastre aurait pu être évité si les dirigeants de Tepco avaient pris en compte des rapports préconisant des mesures préventives contre un raz-de-marée, comme installer à une altitude plus élevée les systèmes d'électricité de secours de la centrale, située au bord de l'océan Pacifique dans le nord-est du Japon.
Excuses renouvelées par Tepco
"Nous exprimons encore une fois nos excuses les plus sincères pour les gens de Fukushima et la société en général" pour les dégâts et les inquiétudes provoqués par cette catastrophe, a déclaré mercredi à l'AFP un porte-parole de Tepco, refusant toutefois de commenter la décision de justice.
En tant qu'opérateur de la centrale, Tepco fait face depuis à de nombreuses procédures judiciaires, y compris de la part d'habitants qui avaient été forcés d'évacuer la région à cause des radiations, dans des conditions parfois très éprouvantes.
En 2019, trois anciens dirigeants de Tepco poursuivis au pénal par des évacués de la région avaient été acquittés en première instance. Mais les parties civiles ont fait appel. Ces ex-dirigeants innocentés à l'époque figurent parmi les quatre condamnés mercredi.
L'Etat japonais et Tepco ont déjà été condamnés au civil à diverses reprises, à la suite de nombreuses plaintes d'évacués en nom collectif. Leurs amendes sont cependant restées symboliques.
>> Lire : Les ex-dirigeants de la centrale de Fukushima ont été acquittés
afp/oang
Milliers de décès liés à la catastrophe nucléaire
Trois des six réacteurs de la centrale étaient en service lorsque le tsunami consécutif à un puissant séisme sous-marin a déferlé le 11 mars 2011.
Leurs systèmes de refroidissement sont tombés en panne quand des vagues ont inondé les générateurs de secours, provoquant la fusion des coeurs des trois réacteurs.
Si le tremblement de terre et surtout le tsunami du 11 mars 2011 ont causé la mort de 18'500 personnes dans le nord-est du Japon, la catastrophe nucléaire de Fukushima en elle-même n'a fait aucune victime sur le coup.
Mais elle est indirectement responsable de plusieurs milliers de "décès liés", reconnus par les autorités japonaises comme des morts dues à la dégradation des conditions de vie des nombreuses personnes évacuées de la région.