Conformément à l'annonce faite mercredi soir par Giuseppe Conte, prédécesseur de Mario Draghi et actuel patron du M5S, les sénateurs de son parti n'ont pas participé au vote de confiance demandé par l'exécutif à l'occasion du vote sur un décret-loi contenant des mesures d'environ 23 milliards d'euros pour aider les familles et les entreprises face à l'inflation.
Mario Draghi se dit prêt à se retirer
Formellement, le cabinet de Mario Draghi devrait tout de même obtenir une majorité et pourrait continuer à gouverner. Mais l'ancien président de la Banque centrale européenne a laissé entendre au cours des derniers jours que si le M5S ne votait pas la confiance, cela signerait la fin de son mandat comme président du Conseil italien.
De son côté, la Ligue de Matteo Salvini a fait savoir qu'elle se retirerait du gouvernement si le M5S décide de quitter la coalition au pouvoir. "Si un parti de la coalition ne soutient pas un décret gouvernemental, c'est fini, ça suffit, il semble clair que nous devrons aller aux élections", a déclaré le chef de file du parti d'extrême droite.
Le décret-loi au centre de la crise politique contient également une mesure pour faciliter la construction d'un incinérateur d'ordures à Rome, à laquelle sont opposés les M5S, qui les jugent coûteux, polluants, peu efficaces et n'incitent pas la population au tri sélectif. Ils réclament aussi l'instauration d'un salaire minimum et d'un revenu citoyen.
La bourse chute
Mais le mouvement a aussi, voire surtout, des arrière-pensées électoralistes, selon les analystes. Le M5S, vainqueur des dernières élections législatives, en 2018, avec 32% des voix et une majorité relative au Parlement, n'a cessé depuis de dégringoler dans les intentions de vote, aujourd'hui à 10%-11%, et nombre de ses élus l'ont quitté depuis.
"Pour le M5S, il s'agit de réenchanter les effectifs devenus très maigres", indique Hervé Rayner, professeur de l'UNIL et spécialiste de l'Italie, jeudi dans l'émission de la RTS Forum.
Un tiers de ses députés, environ 50, a fait scission et a suivi l'ancien chef du M5S, l'actuel ministre des Affaires étrangères Luigi Di Maio, qui a récemment créé son propre parti, Ensemble pour l'avenir (IPF).
L'incertitude régnant sur l'avenir du gouvernement Draghi n'a pas manqué de causer des turbulences sur les marchés: la Bourse de Milan chutait de plus de 3% jeudi après-midi et le coût de la dette de l'Italie est reparti à la hausse, signe de la nervosité ambiante.
Eviter des élections législatives anticipées
"L'entretien entre Mario Draghi et le président Sergio Mattarella s'est prolongé. Il n'y a pas eu de communiqué à l'issue de ce premier entretien. Il est probable qu'il y en ait un en soirée (jeudi soir, n.d.l.r.), plus tard. (...). Sergio Mattarella va tout faire pour éviter une crise gouvernementale", estime Hervé Rayner.
Le président Mattarella veut éviter des élections législatives anticipées d'ici l'automne, "une opération qui serait être coûteuse", selon le professeur de l'UNIL. Des élections voulues, notamment par le parti d'extrême droite Fratelli d'Italia qui "estime avoir le vent en poupe".
oang avec Eric Jozsef et les agences