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Rishi Sunak et Liz Truss, derniers noms en lice pour remplacer Boris Johnson

Le duel final dans la course à Downing Street opposera Rishi Sunak et Liz Truss
Le duel final dans la course à Downing Street opposera Rishi Sunak et Liz Truss / 19h30 / 2 min. / le 20 juillet 2022
Il ne reste que deux membres du Parti conservateur dans la course au 10 Downing Street. L'ex-ministre des Finances Rishi Sunak et la ministre des Affaires étrangères Liz Truss se sont qualifiés mercredi pour le duel final pour succéder à Boris Johnson.

Sélectionnés par les députés du parti après cinq votes, les deux concurrents seront départagés par les 200'000 adhérents du parti conservateur, à l'issue d'un vote par correspondance dont le résultat est attendu le 5 septembre.

Rishi Sunak a obtenu mercredi 137 votes de députés conservateurs, devant Liz Truss (113 votes) et la secrétaire d'Etat au Commerce extérieur Penny Mordaunt, éliminée avec 105 voix, selon les résultats annoncés par Graham Brady, responsable de l'organisation du scrutin interne.

Rishi Sunak quitte le 11 Downing Street. [Keystone - AP Photo/Alastair Grant]
Rishi Sunak quitte le 11 Downing Street. [Keystone - AP Photo/Alastair Grant]

Descendant d'immigrés indiens

Né le 12 mai 1980 à Southampton, sur la côte sud de l'Angleterre, Rishi Sunak est l'aîné des trois enfants d'un médecin généraliste du système de santé public et d'une pharmacienne. Nés en Inde, ses grands parents ont émigré en Afrique orientale britannique dans les années 1960.

Il fréquente le Winchester College, un très chic pensionnat pour garçons. Il étudie ensuite la politique, la philosophie et l'économie dans les prestigieuses universités d'Oxford, en Angleterre, et de Stanford, aux Etats-Unis. Avant d'entrer en politique, il a travaillé dans la finance, en particulier chez Goldman Sachs, et fondé sa propre société d'investissement.

Il fait son entrée à la Chambre des Communes en tant que député du Yorkshire (nord de l'Angleterre) en 2015. Ce propriétaire d'un manoir géorgien est considéré comme l'un des membres du Parlement britannique les plus riches.

Ascension rapide

Au début de la pandémie de Covid-19, il accède, à 39 ans, au poste très convoité de ministre des Finances. Il avait uniquement été auparavant secrétaire en chef du Trésor et secrétaire d'Etat chargé des collectivités locales.

Premier hindou à la tête des Finances, il se rend vite populaire en déliant largement les cordons de la bourse, avant de se voir reprocher de ne pas assez soutenir les ménages face au coût de la vie.

Son image de sérieux et d'intégrité s'est trouvée sévèrement écornée quand a éclaté au grand jour le fait que son épouse, Akshata Murty, de nationalité indienne et fille d'un magnat des services informatiques, avait choisi de bénéficier d'un statut fiscal qui lui permettait d'éviter de payer au fisc britannique des impôts sur ses revenus étrangers. La manoeuvre n'avait rien d'illégal, mais cette révélation a été très mal perçue par des Britanniques étranglés par l'inflation.

Il ne croit pas aux baisses d'impôts

Rishi Sunak a aussi été éclaboussé par le "partygate", scandale des fêtes à Downing Street pendant les confinements, en étant, tout comme le Premier ministre, sanctionné par une amende pour sa présence à un anniversaire surprise organisé pour Boris Johnson.

Pendant la première partie de la campagne pour prendre la tête du Parti conservateur, ce partisan de l'orthodoxie budgétaire a étrillé les "contes de fées" des baisses d'impôts massives promises par ses adversaires.

Rishi Sunak a contribué à précipiter la chute de Boris Johnson en démissionnant début juillet. Un départ qui alimente les soupçons de trahison chez les fidèles de l'actuel résident du 10 Downing Street. Il doit à présent convaincre les membres du parti conservateur, auprès desquels il est moins populaire, un récent sondage le donnant perdant quelle que soit son adversaire.

Liz Truss se rend au 10 Downing Streeet. [Keystone - EPA/Neil Hall]
Liz Truss se rend au 10 Downing Streeet. [Keystone - EPA/Neil Hall]

Libérale convaincue

Elizabeth ("Liz") Truss, 46 ans, est une championne du libre-échange et fait campagne en voulant incarner l'essence du conservatisme britannique. A la prestigieuse université d'Oxford, dont elle est diplômée en politique et économie, elle préside le groupe des europhiles libéraux-démocrates, un temps partisans d'un second référendum sur le Brexit. Mais les tories, dont elle devient rapidement une étoile montante, conviennent mieux à cette partisane d'une faible taxation.

Après une dizaine d'années dans le privé (comme directrice commerciale notamment), elle devient députée en 2010, pour la circonscription de South West Norfolk (est de l'Angleterre).

En 2012, elle entre au gouvernement et enchaîne depuis les portefeuilles, d'abord secrétaire d'Etat à l'Education, puis ministre de l'Environnement de 2014 à 2016 - elle est alors moquée pour un discours où elle s'indigne que le Royaume-Uni importe la plupart des pommes et fromages qu'il consomme.

Première femme ministre de la justice

Elle devient aussi la première femme ministre de la justice, puis secrétaire en chef du Trésor. Sa présence dans les rangs conservateurs est loin d'aller de soi: Liz Truss a grandi dans un milieu très à gauche.

Aux côtés de Boris Johnson, à qui elle a toujours semblée fidèle, Liz Truss a incarné le soutien massif du Royaume-Uni à l'Ukraine, notamment grâce à des sanctions économiques d'une ampleur inédite.

Dès son arrivée au pouvoir en juillet 2019, Boris Johnson lui confie le portefeuille du commerce extérieur. A ce poste, qui lui permet de se familiariser avec les circuits diplomatiques, elle devient le visage des négociations commerciales de Londres d'après-Brexit.

Un goût d'inachevé

Un changement de bord pour celle qui avait défendu le maintien dans l'UE lors du référendum de 2016 - avant de changer d'avis, disant voir des opportunités économiques dans le Brexit. Elle s'attelle à nouer de nouvelles alliances de libre-échange et conclut des accords avec le Japon, l'Australie ou encore la Norvège.

Pour certains de ses détracteurs, ces accords ne font que réintroduire des avantages perdus avec la sortie du Royaume-Uni de l'UE. Et Liz Truss est partie sans conclure le grand accord commercial avec les Etats-Unis, espéré par Londres.

Sa nomination en 2021 aux affaires étrangères - Liz Truss est la deuxième femme à avoir accédé à ce poste - était à la fois une consécration, mais a également été lue comme une manière pour Boris Johnson d'essayer de contrôler les ambitions de cette figure montante du Parti conservateur.

Plus que deux candidats pour succéder à Boris Johnson au Royaume-Uni
Plus que deux candidats pour succéder à Boris Johnson au Royaume-Uni / Forum / 2 min. / le 20 juillet 2022

ami avec agences

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"Hasta la vista, baby"

Tirant sa révérence lors d'une dernière séance de questions au Parlement en tant que Premier ministre, Boris Johnson s'est fendu mercredi d'un "hasta la vista, baby" et de conseils à destination de celui ou celle qui lui succédera: "Restez proche des Américains, soutenez les Ukrainiens, battez-vous pour la liberté et la démocratie partout. Baissez les impôts et dérégulez où vous pouvez pour faire de ce pays le meilleur endroit pour vivre et investir."