"La situation politique a conduit à cette décision", a déclaré le président lors d'une allocution télévisée, en référence à la démission du Premier ministre Mario Draghi. Ce dernier a jeté l'éponge après la défection jeudi de trois partis importants de sa coalition.
Sergio Mattarella a dans la foulée annoncé la dissolution du Parlement, provoquant des élections anticipées pour renouveler le Sénat et la Chambre des députés qui se dérouleront le 25 septembre.
La crise politique, qui couvait depuis des mois à Rome, avec l'inclassable Mouvement 5 Etoiles (M5S) en toile de fond, aura eu raison d'une coalition hétéroclite en pleine déroute à l'approche des élections programmées en 2023.
Trois partenaires de la coalition lâchent Draghi
Une dernière tentative de ressouder ses troupes a échoué mercredi. Trois partenaires de la coalition gouvernementale dirigée par l'ancien président de la Banque centrale européenne ont décidé mercredi de ne pas prendre part au vote de confiance qu'il avait demandé dans l'espoir de mettre fin aux divisions et de relancer leur alliance.
Il faut "un nouveau pacte de confiance, sincère et concret", a lancé Mario Draghi, en vain, à l'adresse des députés, en imposant ses conditions. Avant un vote de confiance crucial au Sénat, Mario Draghi a été lâché non seulement par le Mouvement 5 Etoiles, mais aussi par deux de ses alliés de droite, la Ligue et Forza Italia.
>> Lire : En Italie, trois partis du gouvernement de Draghi lui refusent la confiance
Un redoutable manoeuvrier
En février 2021, Mario Draghi avait accepté l'offre du président de la République de devenir chef du gouvernement afin de sortir l'Italie de la crise sanitaire, politique et économique et de négocier avec Bruxelles un plan de relance européen dont le pays a reçu la part du lion.
Figure respectée se plaçant au-dessus des partis, il s'est révélé un redoutable manoeuvrier qui a su diriger le pays à la tête d'une coalition marchant sur une ligne de crête en rassemblant des partis antagonistes, de l'extrême droite à la gauche.
Le sauveur de la zone euro
Sous son ère de 2011 à 2019, la BCE a pris des mesures encore inimaginables aux débuts de l'euro il y a 20 ans : baisse des taux jusqu'en territoire négatif, injections de liquidités via des achats massifs d'actifs sur les marchés et des prêts géants aux banques.
Face à la menace d'implosion du bloc monétaire, "Super Mario" se dit "prêt à tout" ("whatever it takes" en anglais) pour soutenir la zone euro. Ces mots magiques ont aussitôt rassuré les marchés et sauvé de l'avis général la monnaie unique.
Cet épisode lui a conféré un grand prestige international. L'arrivée au pouvoir d'un homme de sa carrure a replacé l'Italie dans le premier cercle européen, rassuré de pouvoir compter sur lui alors qu'Angela Merkel tirait sa révérence. Le très conservateur hebdomadaire britannique The Economist a salué "un Premier ministre compétent et respecté sur la scène internationale".
agences/oang
Vers une coalition de droite?
L'archi-favori du scrutin à venir est la coalition dite "de centre droit", qui réunit Forza Italia, le parti de droite de Silvio Berlusconi, et l'extrême droite représentée par la Ligue du tribun populiste antimigrants Matteo Salvini et Fratelli d'Italia.
Fratelli d'Italia, un parti post-fasciste présidé par Giorgia Meloni, est donné en tête dans les intentions de vote, à près de 24%, devant le Parti démocrate (22%) et la Ligue (14%), selon un sondage de l'institut SWG réalisé le 18 juillet. Forza Italia recueillerait 7,4% des voix et le Mouvement 5 Etoiles (M5S, populiste) 11,2%.