Publié

Face à la multiplication des incendies, l'UE renforce son mécanisme de protection civile

Plusieurs Canadair ont été engagés sur le sinistre (image prétexte). [AFP - Boris Horvat]
Vers un mécanisme européen de protection civile contre les incendies? / Tout un monde / 7 min. / le 21 juillet 2022
Face aux incendies qui font rage actuellement en France, en Espagne ou encore au Portugal, un mécanisme européen de protection civile tourne à plein régime. Activable dans les cas extrêmes, ce système encore basé sur la solidarité volontaire est appelé à se développer dans l'avenir.

"Nous sommes en train de vivre une saison exceptionnelle par sa dureté. On a d'ores et déjà trois fois plus de forêts qui ont été brûlées qu'en 2020. Dans ce contexte, nous avons pu bénéficier de la solidarité européenne. Et grâce à ce mécanisme européen que nous avons mis en place et auquel nous avons contribué l'été dernier en aidant certains autres pays très touchés, comme la Grèce, nous pouvons en bénéficier actuellement."

La semaine dernière, alors que les feux faisaient encore rage en Gironde, dans le sud-ouest de la France, le président français Emmanuel Macron en faisait l'apologie. Devant les caméras de BFM TV, il saluait ce système européen de protection civile basé sur la solidarité des Etats membres.

Une sorte d'Otan de la gestion de catastrophes

Cette solution - sorte d'Otan de la gestion de catastrophes - apparaît aujourd'hui comme un des moyens pour faire face aux catastrophes naturelles vouées à se multiplier dans l'avenir, comme l'explique dans l'émission Tout un monde Michael Kohler, chef de la Direction générale pour la protection civile et les opérations d'aide humanitaire européennes de la Commission européenne (ECHO). Depuis la capitale européenne, ses services centralisent, analysent et traitent en continu les demandes d'urgence des Etats membres.

"Pour l'instant, on est encore dans une phase transitoire où l'essentiel du fonctionnement du mécanisme est basée sur une solidarité volontaire. C'est-à-dire qu'un pays qui a, par exemple, des canadairs peut décider de les mettre à disposition d'un autre pays qui en a besoin. Mais il peut aussi refuser, si tout à coup il en a besoin", détaille-t-il.

Or, ce système, du moins dans sa forme actuelle, arrive à ses limites, au vu notamment de la multiplication des incendies de forêts entre mi-juin et mi-septembre. C'est pourquoi l'UE va prochainement élargir ses moyens en achetant de nouveaux avions bombardiers d'eau, ainsi que des hélicoptères spécialisés. Toutefois, baptisé "RescEu", ce mécanisme ne pourra entrer en fonction pleinement qu'en 2026. "Ces avions ne sont pas facilement disponibles, il faut encore les produire", justifie Michael Kohler.

Evolution saluée sur le terrain

Cette évolution européenne basée sur la mutualisation des moyens est clairement saluée sur le terrain. "Nous, c'est quelque chose qu'on réclame sur le terrain depuis une quinzaine d'années. Ceci nous permettrait de disposer de moyens qui ne sont pas nécessairement utiles au quotidien dans un pays mais qui peuvent l'être ponctuellement", se réjouit Yael Lecras, vice-président du syndicat national des sapeurs-pompiers professionnels français.

Et est-ce que la Suisse, où l'on relève actuellement une augmentation des risques d'incendies, fait partie de ce mécanisme européen? La réponse est "non", comme l'explique encore le chef de l'ECHO, ce que confirme le Département fédéral des affaires étrangères.

En effet, bien que Berne ait passé des accords bilatéraux de protection civile avec chacun de ses voisins directes, et participe aussi selon son bon vouloir à la solidarité européenne, aucune demande formelle n'a pour l'heure été faite pour y adhérer officiellement. Comme le précise le spécialiste européen, la Suisse peut évidemment compter sur la solidarité européenne en cas de besoin, sans même adhérer au mécanisme. Mais elle ne bénéficierait pas, notamment, des avantages financiers réservés aux membres.

>> Lire aussi : Comment la Suisse gère le risque accru de feux de forêt

Sujet radio: Benjamin Luis

Adaptation web: Fabien Grenon

Publié