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Colère et deuil en Irak après une frappe meurtrière imputée à la Turquie

Des civils sont morts dans des bombardements au Kurdistan. L’Irak accuse la Turquie et menace de riposter
Des civils sont morts dans des bombardements au Kurdistan. L’Irak accuse la Turquie et menace de riposter / 12h45 / 2 min. / le 21 juillet 2022
La population et les autorités irakiennes ont fait part de leur vive colère après la frappe qui a fait neuf morts dans un parc de loisirs du nord de l'Irak mercredi. Bagdad accuse la Turquie d'être à l'origine de ce raid, alors que l'Allemagne a appelé à faire la lumière sur ce drame.

De nombreux touristes étaient réunis dans la région de Zakho, dans la région autonome du Kurdistan, quand trois missiles se sont abattus sur des jardins récréatifs. Neuf personnes ont été tuées, dont des enfants, et 23 blessées, pour la plupart des visiteurs irakiens du sud ou du centre du pays qui ont l'habitude de fuir les chaleurs caniculaires estivales pour trouver un peu de fraîcheur dans le nord frontalier de la Turquie.

Le Premier ministre irakien Moustafa al-Kazimi a décrété une journée de deuil national et a dépêché un avion militaire à Erbil, la capitale de la région autonome, pour transporter les corps dans la région de Bagdad.

Neuf cercueils recouverts du drapeau de l'Irak et de gerbes de fleurs ont été amenés par ambulance sur le tarmac. Le plus petit, de la taille d'un enfant, a été monté à bord de l'appareil par le chef de la diplomatie irakienne Fouad Hussein et le président du Kurdistan Nechirvan Barzani.

Le cercueil d'un enfant transporté du nord de l'Irak en direction de Bagdad. [Keystone - EPA/Gailan Haji]
Le cercueil d'un enfant transporté du nord de l'Irak en direction de Bagdad. [Keystone - EPA/Gailan Haji]

L'Irak accuse la Turquie, Ankara nie

Les autorités irakiennes ont rapidement accusé les forces turques d'avoir mené ces frappes d'artillerie. Le président Barham Saleh a condamné une "violation flagrante de la souveraineté du pays et une menace à la sécurité nationale". L'Irak a aussi rappelé son chargé d'affaires à Ankara pour consultations.

De son côté, la Turquie a nié toute responsabilité, pointant du doigt les insurgés kurdes turcs du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), classé groupe terroriste par la Turquie. Ankara, qui dispose de dizaines de bases militaires depuis 25 ans au Kurdistan irakien, lance régulièrement dans le nord de l'Irak des opérations militaires contre le PKK, qui y dispose de camps d'entraînement et de bases arrières.

Ces opérations sur le sol irakien compliquent les relations entre le gouvernement central irakien et Ankara, un des premiers partenaires commerciaux de l'Irak.

La diplomatie allemande a également condamné l'attaque "totalement inacceptable" contre des civils et a appelé à "faire la lumière de toute urgence sur les circonstances et les responsabilités" de ces tirs. La protection des civils "doit être une priorité absolue en toutes circonstances", a ajouté Berlin, qui "attache la plus grande importance au respect de la souveraineté de l'État irakien et au respect du droit international".

Des drapeaux turcs brûlés et des portraits d'Erdogan piétinés

L'opinion publique irakienne ne décolère également pas. Jeudi matin, près d'un centre de délivrance de visas turcs à Bagdad, placé sous haute protection policière, quelques dizaines de manifestants ont réclamé l'expulsion de l'ambassadeur turc. Alors que des hauts-parleurs diffusaient des chants patriotiques, certains manifestants tenaient à la main une feuille sur laquelle était écrit: "Je suis Irakien, je demande l'expulsion d'Irak de l'ambassadeur turc."

"Cela ne sert à rien le pacifisme, nous voulons brûler l'ambassade, l'ambassadeur turc doit être expulsé. Notre gouvernement ne fait rien", a fustigé l'un des protestataires.

Mercredi soir et jeudi, des rassemblements similaires ont eu lieu à travers le pays devant des centres de délivrance de visas turcs, à Kirkouk au nord de Bagdad, ou encore à Kerbala ou Najaf, grandes villes chiites au sud de la capitale. Des drapeaux turcs ont été brûlés et piétinés, tandis que sur des portraits imprimés par les manifestants le président Recep Tayyip Erdogan était traité de "terroriste".

boi avec afp

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