Le pic migratoire saisonnier en Italie alimente une campagne sous pression de l'extrême-droite
Plus d'un millier de migrants ont débarqué en Italie entre samedi et dimanche, et des centaines d'autres patientent à bord de navires humanitaires. Ces arrivées nombreuses sont récurrentes chaque été. Mais cette année, elles interviennent en ouverture d'une campagne pour des élections législatives qui doivent se tenir fin septembre.
>> Plus d'informations sur ce sujet : Mario Draghi démissionne, le Parlement dissout par le président
Capacités d'accueil largement dépassées
Plus de 600 personnes tentant de traverser la Méditerranée à bord d'un bateau de pêche ont été secourues samedi par un navire marchand et les gardes-côtes au large de la Calabre, au sud de l'Italie. Elles ont été débarquées dans plusieurs ports de Sicile.
Sur l'île de Lampedusa, 522 personnes originaires du Moyen-Orient et d'Afrique de l'est sont arrivées dans la nuit de samedi à dimanche à bord d'une quinzaine d'embarcations différentes, en provenance de Tunisie et de Libye.
Dans le même temps, les gardes-côtes ont également intercepté un navire de 13 mètres, parti de Zawija en Libye, avec 123 personnes de nationalités diverses à son bord.
Selon les médias italiens, le centre d'accueil de Lampedusa, petite île rocheuse plus proche de l'Afrique que de l'Italie, est débordé. D'une capacité de 250 à 300 personnes, il en abrite actuellement 1200.
Pain béni pour l'extrême-droite
Cette recrudescence saisonnière des arrivées pendant l'été coïncide cette année en Italie avec un contexte politique mouvementé. Le Premier ministre Mario Draghi, lâché par plusieurs partis populistes ou d'extrême-droite, a démissionné. Le Parlement a donc été dissous. Des élections pour lesquelles les différents partis d'extrême droite sont donnés favoris ont été fixées au 25 septembre.
Ils n'ont ainsi pas tardé à saisir cette occasion pour assener leurs discours. Dimanche matin sur Twitter, le leader du parti xénophobe Lega Matteo Salvini a déploré l'arrivée de "clandestins" à Lampedusa. "Le 25 septembre, les Italiens pourront enfin choisir le changement: pour le retour de la sécurité, du courage et du contrôle des frontières", a-t-il écrit.
ats/jop
La route la plus dangereuse du monde
Les migrants qui parviennent à rejoindre les côtes de Lampedusa ou de la Sicile voyagent généralement sur des esquifs anciens et surchargés, dans des conditions sanitaires déplorables, souvent sans gilets de sauvetage, avec de maigres vivres et sous un soleil de plomb.
Les ONG de secours en mer continuent de récupérer des centaines de migrantes et de migrants en perdition en Méditerranée.
SeaWatch a indiqué dimanche avoir effectué quatre opérations de sauvetage samedi, et avoir actuellement plus de 400 personnes à bord, dont des enfants ou encore une femme enceinte de neuf mois. De son côté, l'OceanViking de SOS Méditerranée indique avoir récupéré 87 personnes, dont 57 mineurs non accompagnés.
La route migratoire de la Méditerranée centrale est la plus dangereuse du monde. L'Organisation internationale pour les migrations y estime le nombre de morts et de disparus à 990 depuis le début de l'année.