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La junte birmane exécute deux opposants pro-démocratie

Un drapeau de Myanmar devant un bâtiment officiel. [Keystone - EPA/Stringer]
La junte birmane a exécuté deux de ses rivaux pro-démocratie / La Matinale / 21 sec. / le 25 juillet 2022
La junte birmane a exécuté quatre prisonniers, dont un ancien député pro-démocratie du parti d'Aung San Suu Kyi et un célèbre opposant, ont annoncé lundi les médias d'Etat. La peine de mort n'avait pas été appliquée dans le pays depuis plus de 30 ans.

Ces quatre personnes avaient été condamnées pour des "actes de terreur brutaux et inhumains" et les exécutions ont suivi "les procédures de la prison", a affirmé le journal d'Etat Global New Light of Myanmar, sans préciser comment ni quand elles ont été réalisées.

Depuis le coup d'Etat militaire du 1er février 2021, des dizaines d'opposants à la junte ont été condamnés à mort, mais aucune exécution n'avait eu lieu jusqu'à présent. Phyo Zeya Thaw, 41 ans, ancien député de la Ligue nationale pour la démocratie (LND), avait été arrêté en novembre et condamné en janvier pour avoir enfreint la loi antiterroriste.

Opposants de longue date

Phyo Zeya Thaw, un pionnier du hip-hop en Birmanie dont les paroles critiquaient déjà l'armée au début des années 2000, avait connu la prison en 2008 pour appartenance à une organisation illégale et possession de devises étrangères.

Il avait obtenu un siège de député lors des élections de 2015, pendant la transition amorcée entre le pouvoir militaire et un gouvernement civil. La junte l'accusait d'avoir orchestré plusieurs attaques contre le régime, notamment une attaque contre un train dans laquelle cinq policiers avaient été tués en août dernier à Rangoun.

Kyaw Min Yu, 53 ans, dit "Jimmy", était un écrivain et opposant de longue date à l'armée, célèbre pour son rôle dans le soulèvement étudiant de 1988 contre la junte militaire de l'époque. Il avait été arrêté en octobre et condamné en janvier. Les deux autres prisonniers exécutés sont deux hommes accusés d'avoir tué une femme qu'ils soupçonnaient d'être une informatrice de la junte.

"Infractions vagues"

La junte avait fait savoir le mois dernier qu'elle entendait mener à bien ces exécutions, s'attirant une pluie de condamnations internationale, malgré les avertissements de la communauté internationale.

La dernière exécution capitale en Birmanie remontait à 1988, selon un rapport d'experts des Nations unies de juin dernier, qui dénombrait 114 condamnations à mort depuis le coup d'Etat.

Ces experts avaient souligné que la loi martiale accordait aux militaires la possibilité de prononcer la peine de mort pour 23 "infractions vagues et à la définition large", et en pratique pour toute critique contre le pouvoir. Ils avaient averti que les exécutions pourraient s'accélérer faute de réaction de la communauté internationale (lire encadré).

Ces exécutions risquent d'accentuer l'isolement international des militaires birmans, qui avaient pris le pouvoir par la force le 1er février 2021 sous prétexte de prétendues fraudes aux élections de l'année précédente, remportées de façon écrasante par la LND.

>> Ecouter à ce sujet :

Putsch militaire et coup d’arrêt pour la démocratie en Birmanie : interview de Léon de Riedmatten
Putsch militaire et coup d’arrêt pour la démocratie en Birmanie : interview de Léon de Riedmatten / Forum / 7 min. / le 1 février 2021

La junte poursuit depuis une répression sanglante, avec plus de 2000 civils tués et plus de 15'000 arrêtés depuis le coup d'Etat, selon une ONG locale. Parmi les personnes arrêtées figure l'ancienne dirigeante et prix Nobel de la paix Aung San Suu Kyi, 77 ans, qui fait face à plusieurs accusations qui peuvent lui valoir jusqu'à 150 ans de prison au total.

ats/aps

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Réactions à l'international

La Haute-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme Michelle Bachelet a condamné lundi l'exécution par la junte birmane de quatre prisonniers, dont un ancien député du parti pro-démocratie d'Aung San Suu Kyi, qualifiant la mesure de "cruelle et régressive".

Le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) "condamne fermement" ces exécutions lundi après-midi sur Twitter. "La Suisse s'oppose à la peine de mort partout dans le monde et en toutes circonstances. La peine de mort est contraire aux droits de l'Homme et ne contribue en aucune manière à la réconciliation".

La France "condamne fermement" les exécutions de "quatre prisonniers politiques" en Birmanie, a déclaré lundi la porte-parole du ministère français des Affaires étrangères. "Ces exécutions constituent une régression majeure et une nouvelle étape dans l'escalade des atrocités commises par la junte birmane depuis le coup d'État".

Les Etats-Unis ont condamné lundi l'exécution de quatre personnes en Birmanie, dont un ancien député du parti pro-démocratie d'Aung San Suu Kyi et une figure de l'opposition à la junte au pouvoir.

L'ONG de défense des droits humains Human Rights Watch a qualifié les exécutions d'acte "de la plus grande cruauté". "Les pays membres de l'Union européenne, les Etats-Unis et les autres gouvernements doivent montrer à la junte qu'il y aura des comptes à rendre pour ses crimes", a déclaré Elaine Pearson, directrice Asie de l'ONG.

"En plus des innombrables atrocités contre le peuple birman, la junte militaire a effrontément commis un autre crime outrageux (...) ignorant les demandes de la communauté internationale et de ceux qui réclament la justice", a réagi le parti d'Aung San Suu Kyi, la Ligue nationale pour la démocratie, "dévastée" par la nouvelle.