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Au Canada, les excuses du pape aux autochtones bienvenues mais jugées insuffisantes

Bilan de la visite du pape François au Canada [KEYSTONE - EPA/FRUSTACI]
Bilan de la visite du pape François au Canada / La Matinale / 2 min. / le 29 juillet 2022
Arrivé le dimanche 24 juillet au Canada pour un "pèlerinage pénitentiel", le pape François a poursuivi cette semaine sa tournée d'excuses relatives au rôle joué par l'Eglise catholique dans la gestion des pensionnats pour enfants autochtones.

Entre la fin du XIXe siècle et les années 1990, près de 150'000 enfants autochtones ont été enrôlés de force dans plus de 130 de ces institutions, coupés de leur famille, de leur langue et de leur culture. Ils ont subi des violences physiques ou sexuelles, et des milliers n'en sont jamais revenus, victimes de maladie, de malnutrition ou de négligence. C'est la deuxième fois que le pape présente ses excuses. La première, c'était en avril dernier depuis le Vatican.

Insuffisant pour les communautés autochtones

La demande de "pardon pour le mal" fait aux autochtones prononcée lundi par le pape en Alberta (ouest) près d'un ancien pensionnat, symbole des décennies d'assimilation forcée imposée aux premiers peuples du pays, ont été saluées comme "historiques", même si de nombreux autochtones rappellent qu'il reste beaucoup de chemin à faire et que cela ne représente que la première étape d'un long processus de guérison.

Le pape François a aussi été confronté jeudi matin au Québec à une brève contestation. Peu avant le début de la messe de réconciliation, à Sainte-Anne de Beaupré, deux autochtones ont déployé une banderole sur laquelle on pouvait lire: "Révoquez la doctrine", devant l'autel et à quelques mètres de François.

La banderole déployée devant le pape François peu avant le début de la messe de réconciliation, à Sainte-Anne de Beaupré. [AFP - VINCENZO PINTO]
La banderole déployée devant le pape François peu avant le début de la messe de réconciliation, à Sainte-Anne de Beaupré. [AFP - VINCENZO PINTO]

Au-delà des excuses prononcées par le pape en début de semaine et qui étaient attendues par de nombreux autochtones, certains demandent en effet au pape d'aller plus loin et notamment d'abroger des décrets papaux à l'origine de la "doctrine de la découverte". Celle-ci fait référence aux édits papaux du XVe siècle qui autorisaient les puissances européennes à coloniser les terres et les peuples non chrétiens.

La question des abus sexuels mentionnée

Jeudi après-midi, lors d'un discours devant des évêques, prêtres et représentants religieux à la cathédrale Notre-Dame de Québec, le souverain pontife a appelé à un "combat irréversible" contre les "abus sexuels commis contre des mineurs et personnes vulnérables" sans évoquer précisément ceux commis dans les pensionnats pour autochtones.

Le pape François en chaise roulante, quittant la Basilique-Cathédrale Notre-Dame de Québec, jeudi après-midi. [AFP - LARS HAGBERG]
Le pape François en chaise roulante, quittant la Basilique-Cathédrale Notre-Dame de Québec, jeudi après-midi. [AFP - LARS HAGBERG]

Pour sa dernière visite vendredi, le pape de 85 ans, qui se déplace en fauteuil roulant en raison de douleurs au genou, se rendra à Iqaluit, dans l'archipel arctique, capitale et plus grande ville du territoire du Nunavut, où de nombreux Inuits attendent des réponses précises du pape au sujet du père Johannes Rivoire, devenu pour beaucoup un symbole de l'impunité des agresseurs sexuels protégés par l'Église.

Ce prêtre français, qui a passé trois décennies dans le grand nord canadien, fait l'objet d'un mandat d'arrêt mais il n'a pour l'instant jamais été inquiété. Il a quitté le Canada depuis 1993 et vit en France, à Lyon. Kilikvak Kabloona, présidente de l'organisation Nunavut Tunngavik qui représente les Inuits du Nunavut, souhaite l'extradition du père Rivoire.

Julien Furrer avec ats/afp

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