Le Dalaï Lama a prêché la compassion jeudi auprès de ses fidèles "malgré ce que la Chine a fait aux Tibétains", lors d'une visite sous haute protection dans la région montagneuse indienne du Ladakh, à la frontière avec la Chine.
Il est arrivé dans la capitale, Leh, à la mi-juillet et devrait rester dans la région environ un mois, selon The Indian Express.
C'est la première sortie du chef spirituel du bouddhisme tibétain depuis le début de la pandémie. Le reste du temps, il est exilé à Dharamsala (nord de l'Inde), et ce depuis l'échec du soulèvement tibétain de 1951 contre le pouvoir chinois.
Malgré ce que la Chine a fait aux Tibétains, nous ne devons pas abandonner notre compassion
Pékin ne reconnaît pas le gouvernement tibétain en exil et New Delhi considère aussi que le Tibet fait partie de la Chine.
"Malgré ce que la Chine a fait aux Tibétains, nous ne devons pas abandonner notre compassion", a déclaré le Dalaï Lama, à la fin d'un sermon de deux heures au Shewatsel Teaching Ground, un site en dehors de Leh.
Selon des responsables, environ 40'000 personnes, dont une multitude de moines en robe traditionnelle, ont assisté avec solennité au sermon, malgré la pluie.
Des centaines de policiers et de paramilitaires étaient déployés sur le site et toutes les routes qui y conduisaient. L'internet mobile a été coupé dans la région pendant la durée de la cérémonie.
Milliers d'exilés
Il s'agit de la première visite du Dalaï Lama, 87 ans, au Ladakh depuis que New Delhi l'a séparé, en 2019, de la région contestée du Cachemire placée sous l'autorité directe de l'Inde.
Auparavant, le Dalaï Lama s'y rendait souvent pour méditer et dispenser ses enseignements religieux. La région de haute montagne, à majorité bouddhiste, abrite des milliers d'exilés tibétains.
"Prier ne sert à rien si notre coeur n'est pas bon", a déclaré Kanika Tashi, un fidèle de 57 ans ayant assisté au sermon. "Nos coeurs doivent être bons et nous devons nous aider les uns les autres sans faire de mal".
Tensions à la frontière
Les tensions sont vives entre l'Inde et la Chine depuis un affrontement sanglant en juin 2020, à la frontière du Tibet et de la région indienne du Ladakh, qui a fait au moins 20 morts parmi les soldats indiens et quatre parmi les soldats chinois.
Après cet accrochage meurtrier, les armées indienne et chinoise ont dépêché des milliers de soldats en renfort le long de cette frontière contestée dans l'Himalaya.
Ces heurts étaient les plus graves à opposer les deux puissances nucléaires, depuis la guerre-éclair de 1962, qui avait vu la Chine l'emporter facilement sur l'Inde.
afp/doe