L'Organisation mondiale contre la torture demande l'arrêt des renvois vers le Sri Lanka
La crise actuelle ne permet pas de renvoyer au Sri Lanka les personnes qui ont besoin de soins médicaux, a fait valoir l'OMCT. Les soins médicaux de base ne sont pas garantis et la violence s'est ajoutée à la crise économique et financière (voir encadré).
Interrogé à ce sujet, le Département fédéral de justice et police (DFJP) a indiqué qu'il attendait l'arrivée de la lettre avant de réagir, tandis que le Secrétariat d'Etat aux migrations (SEM) a indiqué que la situation au Sri Lanka était "observée en permanence" et prise en compte dans les demandes d'asile individuelles.
Plus de 400 personnes en attente de renvoi
L'asile est accordé en cas de menace pour la vie ou l'intégrité corporelle. Dans les procédures déjà closes, il n'y a toutefois pas de réévaluation d'office. Selon le SEM, les personnes renvoyées définitivement peuvent toutefois déposer une demande ultérieure.
Selon les chiffres officiels, 265 demandes d'asile en provenance du Sri Lanka ont fait l'objet d'une décision jusqu'à fin juin. Parmi elles, 81 personnes ont été reconnues comme réfugiées et sept ont été admises à titre provisoire.
Dans 105 cas, la demande a été rejetée et un renvoi a été ordonné. Dans 50 autres cas, un autre Etat Dublin est responsable de la procédure d'asile.
Au total, 443 ressortissants sri-lankais se trouvent en Suisse en cours d'exécution de leur renvoi.
ats/jop
Crise économique et politique dévastatrice
Le Sri Lanka connaît sa pire crise économique et politique depuis des décennies. Après des mois de manifestations de masse, le président a fui à l'étranger. A peine assermenté, son successeur a fait disperser le camp de protestation par la force. Entre-temps, au moins une douzaine de figures clés du mouvement de protestation ont été arrêtées.
>> Lire à ce sujet : Le campement de la contestation brutalement démantelé au Sri Lanka
Le pays de 22 millions d'habitants est confronté à une crise historique, subissant depuis des mois des pénuries de nourriture, de carburant, de matières premières et de médicaments, faute de devises étrangères nécessaires pour financer les importations.
Le pays est déclaré "en faillite", un abus de langage pour dire qu'il a fait défaut sur sa dette extérieure brute, qui s'élevait à 51 milliards de dollars en avril. L'inflation a atteint 60,8% en juillet, soit le dixième record mensuel d'affilée, selon des données officielles publiées vendredi.
Réformes imposées par les institutions occidentales
Dans ce contexte, la Banque mondiale (BM) a toutefois déclaré vendredi qu'elle n'offrirait pas de nouveau financement à ce pays d'Asie du Sud, à moins qu'il ne procède à de "profondes réformes structurelles" pour stabiliser son économie.
Si la BM s'est dite préoccupée par l'impact de la crise sur la population sri-lankaise, elle n'est pas prête à accorder des fonds tant que le gouvernement n'aura pas mis en place ces réformes. Elle a aussi réassigné 160 millions de dollars de prêts existants - initialement destinés au "développement" du Sri Lanka - au financement de médicaments, de gaz de cuisine, de repas scolaires, entre autres, dont le pays a un besoin urgent.
Le Sri Lanka est actuellement en pourparlers avec le Fonds monétaire international (FMI) en vue d'un éventuel renflouement, mais les responsables estiment que le processus pourrait prendre des mois.
Famine et appel à l'aide
Selon le Programme alimentaire mondial, près d'un quart des 22 millions d'habitants de l'île a besoin d'une aide alimentaire, et plus de cinq familles sur six ne mangent pas à leur faim ou achètent des aliments de moindre qualité.
Le mois dernier, les Nations unies ont lancé un appel à l'aide internationale afin de réunir 47,2 millions de dollars et d'apporter une aide devenue vitale, à ce stade.