La tension est montée d'un cran en Irak après le rejet, par Moqtada Sadr, du candidat au poste de Premier ministre présenté par ses rivaux des factions chiites pro-Iran qui forment le Cadre de coordination.
Le politicien a démontré qu'il était encore capable de mobiliser les foules pour faire avancer ses pions quand ses partisans ont envahi le Parlement à deux reprises cette semaine, y installant depuis samedi un campement.
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Craintes d'un "coup d'Etat" chez ses adversaires
Et c'est donc désormais au tour de ses adversaires de se mobiliser: lundi peu avant 17h00 (16h00 suisses), plusieurs centaines de manifestants ont envahi une avenue menant à la Zone verte, secteur ultra-sécurisé qui abrite les institutions gouvernementales, les ambassades occidentales et le Parlement.
"Le peuple n'autorisera pas un coup d'Etat", pouvait-on lire sur les pancartes des nouveaux manifestants, qui brandissaient également des drapeaux irakiens. La police a activé les canons à eau pour éloigner des manifestants qui tentaient d'approcher un pont menant à la Zone verte, a constaté un correspondant de l'AFP.
Le Cadre de coordination regroupe le Hachd al-Chaabi (ex-paramilitaires intégrés aux forces régulières) et la formation de l'ex-Premier ministre Nouri al-Maliki, ennemi historique de Moqtada Sadr.
Paralysie politique totale depuis octobre 2021
Les dirigeants du Cadre de coordination ont dans le même temps multiplié les appels au dialogue pour résoudre la crise.
Depuis les législatives d'octobre 2021, la paralysie politique est totale en Irak. Des mois de tractations entre les grands partis n'ont pas permis d'élire un nouveau président de la République ou un nouveau chef du gouvernement.
Lundi, un proche de Moqtada Sadr a également appelé à des rassemblements à la même heure dans les provinces d'Irak. Au Parlement à Bagdad, quelques milliers de manifestants sadristes restent mobilisés, brandissant drapeaux et portraits de leur leader, a constaté une correspondante de l'AFP.
"Occasion pour un changement fondamental"
Moqtada Sadr cherche à faire pression sur ses adversaires alors qu'il leur avait laissé la tâche de former un gouvernement, faisant démissionner en juin ses 73 députés. Avant leur retrait, ses élus représentaient le premier bloc au Parlement composé de 329 députés.
Dimanche, Moqtada Sadr a appelé tous les Irakiens à se joindre à la contestation, y voyant "une occasion extraordinaire pour un changement fondamental du système politique". Le Cadre de coordination y a vu un appel à un "coup d'Etat" contre les institutions.
Interpellant les deux camps rivaux, Hadi al-Ameri, qui dirige une faction du Hachd, a réitéré lundi son appel pour "un dialogue constructif". Il a mis en garde contre "une atmosphère d'escalade médiatique, provoquée par des communiqués et des contre-communiqués appelant aux mobilisations des masses, qui peut déraper et mener à des violences".
afp/oang