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Premier jour de trêve et points de passage rouverts entre Israël et Gaza

Les premiers camions franchissent le point de passage de Kerem Shalom, lundi 08.08.2022. [AFP - Saïd Khatib]
Trêve précaire entre Israël et le Djihad islamique après des hostilités sanglantes / La Matinale / 1 min. / le 8 août 2022
Les habitants de la bande de Gaza ont pansé leurs plaies lundi, au premier jour d'une trêve entre le Djihad islamique et Israël. Celle-ci a mis fin à trois jours de bombardements qui ont fait 46 morts palestiniens, dont 16 enfants, et d'importantes destructions dans l'enclave paupérisée.

La vie reprenait doucement son cours avec la réouverture du passage entre le territoire palestinien sous blocus et Israël. L'unique centrale électrique de l'enclave a pu redémarrer.

"Nous nous sommes réjouis de l'annonce du cessez-le-feu, et avons repris le travail", raconte un commerçant à Gaza. "Plus d'effusion de sang!" La "situation est tragique et difficile", ajoute un autre habitant. "Nous avons beaucoup de morts et de blessés, des destructions (...) mais Gaza panse ses plaies", dit-il.

Entre le début de l'opération israélienne vendredi et dimanche soir, 46 Palestiniens dont 16 enfants sont morts et 360 ont été blessés, selon le ministère de la Santé à Gaza, qui a fait en outre état d'immeubles entiers détruits dans les frappes.

>> Lire également : Les échanges de tirs entre Israël et Gaza ne connaissent pas de répit

Points de passage rouverts

Lundi, des camions de carburant sont entrés dans la bande de Gaza par le passage de Kerem Shalom fermé par Israël depuis le 2 août.

L'unique centrale électrique de ce micro-territoire surpeuplé, paupérisé et sous blocus israélien depuis plus de 15 ans, qui avait cessé de marcher samedi faute de carburant livré par Israël, a recommencé "à générer de l'électricité", selon le porte-parole de la compagnie d'électricité.

Les passages entre l'Etat hébreu et la bande de Gaza ont rouvert "pour des besoins humanitaires lundi", a indiqué le Cogat, organe du ministère israélien de la Défense qui supervise les activités civiles dans les Territoires palestiniens.

"Guerre tous les six mois"

A Gaza, une autre habitante revient sur "trois jours dans la peur". "Nous ne voulons pas de guerre tous les six mois et quand on a entendu parler de la trêve, on était si contents malgré le deuil pour les martyrs car la vie reprend son cours normal", a dit cette résidente de 56 ans.

Des maisons détruites par des frappes israéliennes à Rafah, dans la bande de Gaza, dimanche 7 août 2022. [Keystone - EPA/Mohammed Saber]
Des maisons détruites par des frappes israéliennes à Rafah, dans la bande de Gaza, dimanche 7 août 2022. [Keystone - EPA/Mohammed Saber]

Lundi, des familles ont enterré leurs morts, comme à Jabalia (nord) où des centaines de personnes ont assisté aux funérailles de quatre jeunes d'une même famille tués dans les bombardements.

>> Les habitants de Gaza mesurent l’ampleur des dégâts, reportage d'Alice Froussard :

Des enfants devant l'un des bâtiments détruits par Israël à Gaza, 09.08.2022. [EPA/Keystone - Mohammed Saber]EPA/Keystone - Mohammed Saber
Les habitants de Gaza mesurent l’ampleur des dégâts après la trêve avec Israël / La Matinale / 1 min. / le 10 août 2022

Trois blessés en Israël

Selon le Djihad islamique, l'accord de trêve prévoit entre autres "l'engagement de l'Egypte à oeuvrer en faveur de la libération de deux prisonniers" du groupe aux mains d'Israël, notamment Bassem al-Saadi, dont l'arrestation le 1er août en Cisjordanie occupée a mené à cette flambée de violence.

En Israël, trois personnes ont été blessées par les tirs de roquettes, selon des secouristes, l'armée faisant état de centaines de roquettes tirées à partir de Gaza depuis vendredi, la grande majorité ayant été interceptée.

Les autorités israéliennes ont par ailleurs affirmé que certains Palestiniens tués auraient péri à cause de tirs de roquettes ratés du Jihad islamique vers Israël, tombées dans l'enclave palestinienne.

"Attaque préventive"

L'armée israélienne a présenté son opération lancée vendredi comme une "attaque préventive", craignant des représailles du Djihad islamique après l'arrestation d'un de ses chefs, Bassem al-Saadi, le 1er août en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël.

Lundi soir, le Premier ministre israélien Yaïr Lapid a affirmé dans un discours télévisé que les bombardements avaient "porté un coup dévastateur à l'ennemi" et que "le haut commandement militaire du Djihad islamique à Gaza avait été ciblé avec succès". La branche militaire du Djihad islamique a confirmé lundi dans un communiqué que 12 de ses hommes avaient été tués dans les frappes.

"Même à l'avenir, s'il est nécessaire, nous lancerons une attaque préventive, afin de protéger les citoyens d'Israël", a dit lundi soir le ministre de la Défense Benny Gantz s'exprimant aux côtés de Yaïr Lapid.

>> Pourquoi une telle flambée de violence? Les explications dans Forum :

Regain de violence à Gaza: interview de Stéphane Amar
Regain de violence à Gaza: interview de Stéphane Amar / Forum / 3 min. / le 7 août 2022

ats/ami

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La confrontation la plus meurtrière depuis mai 2021

La confrontation entre Israël et le Jihad islamique est la pire depuis celle entre Israël et le Hamas en mai 2021. Cette dernière avait fait en onze jours 260 morts côté palestinien dont des combattants et 14 morts en Israël, dont un soldat, d'après les autorités locales.

"Consolider le cessez-le-feu"

Le président américain Joe Biden a salué le cessez-le-feu négocié par l'Egypte et entré en vigueur à 20h30 GMT dimanche, réclamant des enquêtes sur les victimes civiles.

Pour le chef de la diplomatie de l'Union européenne, Josep Borrell, il est "essentiel d'oeuvrer à consolider le cessez-le-feu".

Le Conseil de sécurité de l'ONU se penche sur la situation à Gaza

Le Conseil de sécurité de l'ONU s'est réuni lundi après-midi pour discuter en urgence de la situation à Gaza. Plusieurs membres ont soulevé leurs inquiétudes malgré la trêve entre le Djihad islamique et Israël.

S'exprimant par vidéo à l'ouverture des discussions, l'émissaire de l'ONU pour le Proche-Orient Tor Wennesland a mis en garde contre une reprise des hostilités qui auraient des conséquences "dévastatrices". "Le cessez-le-feu est fragile", a-t-il insisté.

"Nous sommes très préoccupés par les événements qui pourraient conduire à la reprise d'une confrontation militaire à part entière et à l'aggravation d'une situation humanitaire déjà terrible à Gaza", a déclaré de son côté l'ambassadeur russe Vassily Nebenzia.