Un scrutin présidentiel serré s'est ouvert au Kenya

Derniers préparatifs au Kenya avant une présidentielle cruciale
Derniers préparatifs au Kenya avant une présidentielle cruciale / L'actu en vidéo / 60 sec. / le 8 août 2022
Les Kényans ont commencé à affluer dans les bureaux de vote pour élire mardi un nouveau président, mais aussi des députés et élus locaux lors de scrutins à forts enjeux pour la locomotive économique d'Afrique de l'Est, frappée par une flambée du coût de la vie.

Les 22,1 millions d'électeurs doivent voter six fois pour déterminer l'avenir politique de ce pays considéré comme un îlot démocratique dans une région instable, mais qui fut aussi le théâtre de graves violences il y a quinze ans.

A Kibera, un bidonville de Nairobi, une équipe de l'AFP a pu constater l'ouverture comme prévu à 06h00 d'un bureau de vote. A Kisumu (ouest), des files d'attente de plusieurs centaines de mètres s'étaient formées avant l'aube.

Un scrutin serré

Le duel s'annonce serré entre les deux principaux candidats à la présidence, des figures du paysage politique dont les visages s'affichent depuis des mois à travers le pays. Raila Odinga, 77 ans, vétéran de l'opposition désormais soutenu par le pouvoir, affronte William Ruto, 55 ans, vice-président qui fait figure de challenger.

Samedi, dernier jour de campagne, chacun avait fait étalage de ses forces en tenant un ultime meeting électoral dans un stade de la capitale kényane, y faisant affluer des milliers de partisans, vêtus de jaune pour le camp Ruto et de bleu côté Odinga.

Si aucun des deux adversaires, qui se connaissent bien pour avoir été alliés dans le passé, n'obtient mardi plus de 50% des voix, le Kenya connaîtra pour la toute première fois un second tour dans une élection présidentielle.

Quelle que soit l'issue, le nouveau président marquera l'histoire en n'appartenant pas à la communauté kikuyu, la première du pays, qui contrôle le sommet de l'Etat depuis vingt ans et dont est issu le sortant Uhuru Kenyatta - que la Constitution empêchait de se représenter après deux mandats.

Mardi, les électeurs inscrits dans quelque 46'000 bureaux de vote doivent départager un Luo, Raila Odinga, et un Kalenjin, William Ruto, deux autres importantes communautés du pays.

>> Les précisions de La Matinale :

Le Kenya se prépare à une élection présidentielle serrée [AFP - Gordwin Odhiambo]AFP - Gordwin Odhiambo
Le Kenya, puissance économique d'Afrique de l'Est, élit son président / La Matinale / 1 min. / le 9 août 2022

Flambée du coût de la vie

Dans ce pays historiquement marqué par le vote tribal, certains experts estiment que ce facteur pourrait s'estomper cette année face aux enjeux économiques, tant la flambée du coût de la vie domine les esprits.

La pandémie, puis la guerre en Ukraine, ont durement touché ce moteur économique régional, qui malgré une croissance dynamique (7,5% en 2021) reste très corrompu et inégalitaire.

Défenseur des "débrouillards"

William Ruto, qui s'érige en défenseur des "débrouillards", a martelé ce week-end son ambition de "réduire le coût de la vie". Presque au même moment, Raila Odinga promettait de faire du Kenya "une économie dynamique et mondiale", composé d'une seule "grande tribu".

Historiquement, la composante ethnique a nourri les conflits électoraux, comme en 2007-2008 quand la contestation des résultats par Raila Odinga avait conduit à des affrontements inter-communautaires faisant plus de 1.100 morts. Quinze ans ont passé depuis ces violences mais leur spectre continue de planer. 

En 2017, des dizaines de personnes étaient mortes dans la répression de manifestations, après une nouvelle contestation par Raila Odinga des résultats du vote - finalement annulé par la Cour suprême dans une décision historique.

afp/hkr/doe

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