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La Chine promet la tolérance zéro pour les "séparatistes" taïwanais

Un pilote de l'armée de l'air chinoise vole dans un avion au côté d'un autre avion de chasse lors d'exercices militaires dans les eaux et l'espace aérien autour de Taïwan. [Reuters]
Un pilote de l'armée de l'air chinoise vole dans un avion au côté d'un autre avion de chasse lors d'exercices militaires dans les eaux et l'espace aérien autour de Taïwan. - [Reuters]
La Chine a promis mercredi de ne laisser "aucune marge de manoeuvre" aux partisans d'une indépendance de Taïwan, soulignant que "l'usage de la force" pour reconquérir l'île restait sur la table "en dernier recours".

Ce nouvel avertissement intervient après de vastes exercices militaires chinois effectués ces derniers jours autour de l'île, en réplique à la visite à Taipei de la numéro trois américaine Nancy Pelosi.

Le séjour de la présidente de la Chambre des représentants a été perçu par Pékin comme une provocation, les États-Unis s'étant engagés à n'avoir aucune relation officielle avec le territoire insulaire revendiqué par la Chine.

Le Bureau des affaires de Taïwan, un organisme du gouvernement chinois, a publié mercredi un "livre blanc" détaillant la manière dont Pékin envisage de reprendre possession de l'île, notamment via des incitations économiques.

Le bâton et la carotte

"Nous sommes disposés à créer un vaste espace de coopération afin de parvenir à une réunification pacifique", indique le document, en forme de main tendue aux autorités taïwanaises.

"Mais nous ne laisserons aucune marge de manoeuvre aux actions séparatistes ayant pour objectif une pseudo-indépendance de Taïwan, et cela, sous quelque forme que ce soit."

La Chine estime que Taïwan, peuplée d'environ 23 millions d'habitants, est l'une de ses provinces, qu'elle n'a pas encore réussi à réunifier avec le reste de son territoire depuis la fin de la guerre civile chinoise (1949).

>> Réécouter dans Tout un monde l'interview de Sylvie Bermann, ancienne ambassadrice de France en Chine :

Sylvie Bermann, ancienne ambassadrice de France en Chine. [RTS]RTS
Décryptage des événements géopolitiques récents à Taïwan: interview de Sylvie Bermann / Tout un monde / 10 min. / le 8 août 2022

La force en dernier recours

En sept décennies, l'armée communiste n'a jamais pu conquérir l'île, laquelle est restée sous le contrôle de la République de Chine - le régime qui gouvernait jadis la Chine continentale et ne gouverne plus aujourd'hui que Taïwan.

"Nous ne nous engageons pas à renoncer à l'usage de la force", souligne mercredi le livre blanc de Pékin, le premier sur ce thème depuis 2000, avant de nuancer son propos.

"La force serait utilisée en dernier recours, dans le cas de circonstances impérieuses. Nous serions contraints de prendre des mesures drastiques face aux provocations des séparatistes ou de forces extérieures, si ceux-ci venaient à franchir nos lignes rouges." Le livre blanc fait également miroiter la prospérité économique après la "réunification".

>> Revoir le reportage du 19h30 sur les exercices militaires chinois dans le détroit de Taïwan :

Pékin intensifie ses représailles après la visite de Nancy Pelosi à Taïwan et poursuit ses manœuvres militaires autour de l’île
Pékin intensifie ses représailles après la visite de Nancy Pelosi à Taïwan et poursuit ses manœuvres militaires autour de l’île / 19h30 / 1 min. / le 6 août 2022

La Chine propose ainsi de renforcer les liens culturels, en matière de sécurité sociale, de santé ou encore de promouvoir une meilleure "intégration" économique via notamment des "politiques préférentielles".

"Avec une patrie forte sur laquelle s'appuyer, les compatriotes taïwanais seront plus forts, plus confiants, plus en sécurité et seront davantage respectés sur la scène internationale", promet le texte.

Une présidente taïwanaise qui refuse "la Chine unique"

À partir des années 1980, le régime politique à Taïwan, jadis très autoritaire, a évolué vers la démocratie.

Les jeunes de Taïwan, notamment ces dernières années, commencent à développer une identité différente de celle de la Chine continentale. Un phénomène encouragé par le Parti démocratique progressiste (PDP, pro-indépendance) de la présidente taïwanaise Tsai Ing-wen, arrivée au pouvoir en 2016.

La présidente taïwanaise Tsai Ing-wen. [KEYSTONE - RITCHIE B. TONGO]
La présidente taïwanaise Tsai Ing-wen. [KEYSTONE - RITCHIE B. TONGO]

Contrairement au gouvernement précédent, Tsai Ing-wen refuse de considérer que Taïwan et la Chine continentale font partie d'une "Chine unique". Une position qui a fortement tendu les relations avec Pékin.

La Chine considère comme "séparatiste" le parti de la présidente taïwanaise, mais également toute personne militant publiquement pour l'indépendance ou pour la dilution de l'identité chinoise des Taïwanais.

afp/ther

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