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Facebook a transmis à la police américaine les messages d'une adolescente accusée d'avortement illégal

Facebook a transmis à la police les messages d'une adolescente accusée d'avortement illégal. [Keystone - AP Photo/Julia Nikhinson]
Facebook a transmis à la police les messages d'une adolescente accusée d'avortement illégal / Le Journal horaire / 2 min. / le 11 août 2022
Une Américaine de 17 ans et sa mère sont poursuivies pour avortement illégal au Nebraska. Ces accusations interviennent après que Facebook a livré leurs conversations privées à la police. Cette affaire pose la question de la protection des données après la révocation du droit fédéral à l'IVG.

Cette affaire qui fait grand bruit aux Etats-Unis a commencé en avril. La police du Nebraska enquête alors sur une jeune fille qui aurait fait une fausse couche et aurait enterré le bébé avec l'aide de sa mère.

Les deux femmes sont alors entendues par les enquêteurs. L'adolescente de 17 ans explique avoir effectivement donné naissance à un bébé mort-né en pleine nuit et l'avoir enterré avec l'aide de sa mère. En juin, elles sont poursuivies pour dissimulation de cadavre.

Mais, il y a quelques semaines, les enquêteurs prennent contact avec Facebook et obtiennent grâce à un mandat les messages privés échangés entre la mère et sa fille. La mère et la fille ont discuté de l'achat de pilules abortives, de comment les utiliser et de quoi faire une fois l'avortement achevé.

Une décision fédérale qui a tout changé

Dans le Nebraska, les avortements sont interdits après 20 semaines. Cette loi n'était pas forcément appliquée à la lettre parce que le droit à l'avortement au niveau fédéral était légal jusqu'à 24 semaines. Mais la décision de la Cour suprême a tout changé.

La jeune fille était enceinte de 24 semaines quand elle a avorté. Elle et sa mère sont désormais également poursuivies pour avortement illégal.

Facebook critiqué

Facebook est pointé du doigt pour avoir remis les conversations privées aux enquêteurs. Le réseau social se défend en expliquant que rien dans le mandat ne parlait d'une enquête pour un avortement illégal.

Cette histoire relance le débat sur l'utilisation des données privées dans les affaires de ce genre dans les Etats où l'IVG est désormais illégale. Les défenseurs du droit à l'avortement s'inquiètent du stockage des données privées des utilisateurs par les géants du numérique. Ils ont appelé les femmes à se protéger et à n'utiliser que des moyens sûrs pour communiquer.

Comme la protection des données privées aux Etats-Unis est moins stricte qu'en Europe, ils craignent également que cette histoire puisse créer un précédent.

>> Lire : Les données numériques des femmes, armes de la justice américaine contre l'avortement?

Loubna Anaki/lan

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