A moins de deux mois de l'élection présidentielle du 2 octobre prochain au Brésil, le chef de l'Etat continue de remettre en cause la fiabilité du système d'urnes électroniques, alimentant les craintes qu'il ne reconnaisse pas le résultat en cas de défaite.
Face à ces attaques quasi quotidiennes, un mouvement de défense de la démocratie, né au sein de la faculté de droit de l'Université de Sao Paulo, recueille toujours plus de soutien.
"Nous devrions penser à notre avenir (...) mais nous sommes obligés de concentrer nos efforts pour empêcher des retours en arrière", a déclaré jeudi le recteur de l'université, Carlos Gilberto Carlotti Junior, pour ouvrir un rassemblement qui a réuni plus de 800 juristes, chefs d'entreprises, membres de syndicats et d'ONG.
Le cap du million de signatures franchi
Cette réunion a été marquée par la lecture en public de la "Lettre aux Brésiliens et Brésiliennes en défense de l'Etat démocratique de droit", une pétition mise en ligne il y a deux semaines et qui a avait passé vendredi le cap du million de signatures (1'019'500), selon le dernier décompte en ligne.
"Nous vivons un moment de grand péril pour la normalité démocratique, de risque pour les institutions, avec des insinuations de non-respect du résultat des élections", peut-on lire dans le texte, qui ne cite pas nommément Jair Bolsonaro.
Cette lettre a également été lue dans une vidéo par des artistes célèbres comme l'actrice Fernanda Montenegro, la pop star Anitta ou les icônes de la chanson brésilienne Caetano Veloso, Chico Buarque, Maria Bethania et Milton Nascimento.
A l'extérieur de l'université, des milliers de manifestants arboraient des banderoles contre Bolsonaro. Certains étaient même déguisés en urnes électroniques, régulièrement critiquées par le président d'extrême droite, qui évoque des "fraudes" sans en apporter de preuve.
Des manifestations ont également eu lieu dans des universités d'autres villes brésiliennes, comme Rio de Janeiro ou Brasilia.
Les milieux économiques au front
Une autre lettre "En défense de la démocratie et de la justice" a également été rédigée et lue en public à l'initiative de puissantes organisations patronales comme la Fédération des Industries de Sao Paulo ou la Fédération des banques.
Un mouvement vu comme un revirement par de nombreux observateurs, les milieux d'affaires ayant soutenu Jair Bolsonaro lors de son élection en 2018.
>> Lire : Les milieux économiques au front pour défendre la démocratie au Brésil
afp/oang
Jair Bolsonaro s'en moque
Le chef de l'Etat a ironisé sur ces rassemblements par un tweet jeudi en début d'après-midi.
Faisant référence à une annonce de la grande compagnie pétrolière nationale, Jair Bolsonaro a écrit: "Aujourd'hui, il s'est passé quelque chose d'important pour le Brésil et le peuple brésilien. Petrobras a réduit une nouvelle fois le prix du diesel".
Toujours largement distancé dans les sondages par l'ex-président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva (2003-2010), le président d'extrême droite n'a cessé d'ironiser sur ce mouvement. "Pas besoin de signer une petite lettre pour être démocrate", avait-il lâché lundi.