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Le remplissage du méga-barrage de l'Ethiopie sur le Nil franchit une étape

Vue du Grand barrage de la Renaissance éthiopienne, dont le lac est en cours de remplissage. [Anadolu Agency/AFP - Minasse Wondimu Hailu]
Le remplissage du méga-barrage de l'Ethiopie sur le Nil franchit une étape / Le Journal horaire / 26 sec. / le 12 août 2022
L'Ethiopie a annoncé vendredi avoir achevé la 3e phase du remplissage du réservoir de son méga-barrage sur le Nil-Bleu. Les protestations du Soudan et de l'Egypte, inquiets en aval pour leur approvisionnement en eau, ne changent rien à l'avancement des opérations.

"Ce que vous voyez derrière moi, c'est le 3e remplissage terminé", s'est réjoui le Premier ministre Abiy Ahmed dans un discours télévisé vendredi depuis le Grand barrage de la Renaissance éthiopienne (Gerd), situé dans le nord-ouest du pays et présenté comme le plus grand d'Afrique.

La hauteur de l'eau dans le réservoir atteint désormais 600 mètres, a-t-il précisé. Le lac contient désormais 22 milliards de m3 d'eau sur les 74 milliards de sa pleine capacité. L'avancée du remplissage est clairement visible par satellite.

Une vue de l'avancée du remplissage du barrage sur le Nil en Ethiopie. [Nasa Earth Observatory]
Une vue de l'avancée du remplissage du barrage sur le Nil en Ethiopie. [Nasa Earth Observatory]

"Le Nil est un cadeau que Dieu nous a offert pour que les Ethiopiens l'utilisent", et "ceux qui n'assument pas les responsabilités qui leur ont été confiées sont critiquables", a poursuivi Abiy Ahmed, répondant implicitement aux critiques du Soudan et de l'Egypte. Il a toutefois promis que l'Ethiopie n'entendait pas s'accaparer les eaux du Nil et continuerait de veiller à ne pas nuire aux pays en aval.

Toujours pas d'accord avec le Soudan et l'Egypte

Ni Le Caire ni Khartoum n'ont réagi dans l'immédiat à cette annonce. Le Soudan et l'Egypte ont plusieurs fois demandé à l'Ethiopie de cesser le remplissage du réservoir du Gerd, en attendant notamment que soit conclu un accord tripartite sur les modalités de fonctionnement du barrage.

Tributaires du Nil, les deux pays affirment que ce méga-barrage, d'une puissance annoncée à terme de plus de 5000 mégawatts (MW), va nuire à leur approvisionnement en eau.

Fin juillet, l'Egypte a protesté auprès du Conseil de sécurité de l'ONU contre l'intention annoncée de l'Ethiopie de poursuivre "unilatéralement" durant la saison des pluies en cours le remplissage du réservoir, entamé en juillet 2020. Et ce, malgré l'absence d'accord entre les trois pays concernés sur le sujet.

"Le Nil a été donné gratuitement à trois pays"

"Le Nil a été donné gratuitement à trois pays: l'Ethiopie, le Soudan et l'Egypte et ces trois pays ont bénéficié de l'opportunité d'utiliser gratuitement cette eau", a souligné le Premier ministre éthiopien.

Lors d'une cérémonie jeudi, Abiy Ahmed a démarré symboliquement la deuxième des 13 turbines prévues du barrage. Elles doivent permettre, quand il fonctionnera à pleine capacité, de doubler la production électrique actuelle de l'Ethiopie.

Pour l'heure, ces deux premières turbines ont une capacité de production totale de 750 MW.

Plus des 4/5 du projet désormais achevés

"Le projet dans son ensemble est désormais achevé à 83,3%", et ses travaux de génie civil "à 95%", a indiqué durant la cérémonie Kifle Horo, chef de projet du Gerd.

L'objectif "des deux prochaines années et demie (...) est d'achever totalement le barrage, de procéder à chaque étape du remplissage et d'installer les turbines restantes" afin que le Gerd soit en mesure de produire à pleine capacité, a-t-il confirmé.

Situé à une trentaine de kilomètres de la frontière soudanaise, sur le Nil-Bleu qui rejoint le Nil-Blanc à Khartoum pour former le Nil, le barrage est long de 1,8 kilomètre et haut de 145 mètres. Le coût du projet, lancé en 2011, est estimé à quatre milliards de dollars.

afp/oang

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