Salman Rushdie va mieux et a pu parler, ont affirmé dimanche son fils et son agent. Âgé de 75 ans, il n'est plus sous assistance respiratoire et "la voie du rétablissement a commencé", a indiqué son agent Andrew Wylie dans un communiqué transmis au Washington Post.
Menacé de mort depuis une "fatwa" de l'Iran de 1989, un an après la publication des "Versets sataniques", Salman Rushdie a été poignardé une dizaine de fois vendredi, une attaque qui indigne en Occident mais qui est saluée par des extrémistes en Iran et au Pakistan.
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"Les blessures sont graves, mais son état évolue dans la bonne direction", a ajouté Andrew Wylie, proche collaborateur de l'auteur des "Versets sataniques".
Son fils Zafar Rushdie a confirmé sur Twitter que son père "avait pu dire quelques mots" samedi et qu'il avait "conservé intact son sens de l'humour". La famille Rushdie s'est dite "extrêmement soulagée".
Salman Rushdie est hospitalisé depuis vendredi à Erié, en Pennsylvanie. Selon le New York Times samedi soir, citant Andrew Wylie qui avait été alarmiste vendredi, le célèbre écrivain, britannique et naturalisé américain, avait recommencé à parler.
L'assaillant plaide "non coupable"
L'assaillant de Salman Rushdie, un jeune Américain d'origine libanaise, a été présenté à un juge de l'Etat de New York devant lequel il a plaidé "non coupable" de "tentative de meurtre" de l'écrivain.
Lors d'une audience de procédure au tribunal de Chautauqua, l'homme âgé de 24 ans, poursuivi pour "tentative de meurtre et agression", a comparu menotté et masqué et n'a pas dit un mot, d'après le New York Times (NYT) et des photos de la presse locale.
Les procureurs ont estimé que l'attaque de vendredi était préméditée. Le suspect, qui vit dans le New Jersey, comparaîtra une nouvelle fois le 19 août.
Attaque condamnée par Joe Biden
L'attentat a provoqué une onde de choc, surtout dans les pays occidentaux: le président américain Joe Biden a condamné "une attaque brutale" et rendu hommage à Salman Rushdie pour son "refus d'être intimidé et réduit au silence".
Vivant à New York depuis 20 ans, Salman Rushdie avait repris une vie à peu près normale tout en continuant de défendre, dans ses livres, la satire et l'irrévérence.
Coïncidence, le magazine allemand Stern l'a interviewé il y a quelques jours, avant l'attaque: "Depuis que je vis aux Etats Unis, je n'ai plus de problème (...) Ma vie est de nouveau normale", assure l'écrivain, dans cet entretien à paraître in extenso le 18 août, en se disant "optimiste" malgré "les menaces de mort quotidiennes".
Absence de réaction du gouvernement iranien
Le gouvernement iranien n'a pas réagi officiellement à cette l'attaque contre Salman Rushdie, mais plusieurs journaux iraniens de la ligne dure ont félicité son agresseur.
Ainsi, le principal quotidien ultraconservateur iranien, "Kayhan", a félicité samedi l’homme ayant poignardé la veille aux États-Unis l’écrivain britannique Salman Rushdie. "Bravo à cet homme courageux et conscient de son devoir qui a attaqué l’apostat et le vicieux Salman Rushdie", écrit le journal, dont le patron est nommé par le guide suprême iranien. "Baisons la main de celui qui a déchiré le cou de l’ennemi de Dieu avec un couteau", poursuit le texte.
L'attaque est un complot des Etats-Unis, selon un journal iranien
Le journal Javan évoque aussi l'hypothèse d'un complot ourdi par les Américains: "Un autre scénario, c'est que les Etats-Unis veulent probablement propager l'islamophobie dans le monde", ajoute Javan. Pour le quotidien Kayhan, "l'attaque contre Salman Rushdie a montré la faiblesse du renseignement des Etats-Unis et démontré que même des mesures de sécurité strictes ne peuvent empêcher des attentats".
"L'agression contre Salman Rushdie prouve aussi que se venger de criminels sur le sol américain n'est pas difficile. Désormais, (l'ex-président Donald ) Trump et (l'ex-secrétaire d'Etat Mike) Pompeo se sentiront plus menacés", ajoute le journal.
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J. K. Rowling se dit menacée, la police enquête
La police britannique enquête sur une menace présumée dont J. K. Rowling dit avoir été la cible sur Twitter après l'attaque contre Salman Rushdie. L'autrice de la saga Harry Potter s'était dite "écoeurée" par l'agression, ajoutant espérer le rétablissement de l'écrivain.
Un utilisateur du réseau social, qui se présente sur son profil comme un étudiant et militant politique basé à Karachi au Pakistan, avait alors répondu: "Ne t'inquiète pas tu es la prochaine". Le tweet a été supprimé mais J. K. Rowling a posté une capture d'écran, interpellant Twitter sur de possibles violations de ses règles.
"Nous avons reçu des informations sur une menace proférée en ligne et nos agents procèdent à des investigations", a indiqué dimanche une porte-parole de la police d'Ecosse, où vit l'autrice.