Le ministre de la Santé afghan: "Rester à Kaboul, la décision la plus difficile de ma vie"
Malgré les propositions d’évacuation de plusieurs ambassades et les menaces de mort des talibans, Wahid Majrooh décide de rester à son poste. Il sera le seul ministre à retourner au travail au lendemain de la chute de Kaboul, le 15 août 2021. "Il y avait des talibans partout. La rumeur s’est répandue: 'le taré est resté, il n’est pas parti'", confie-t-il à la RTS.
Aujourd’hui, Wahid Majrooh représente l'Afghanistan à l’Organisation mondiale de la santé (OMS) à Genève. Mais il n’a plus de contact avec l’administration talibane. Cette dernière a rebaptisé le pays Emirat islamique d’Afghanistan et a adopté un drapeau blanc figurant la profession de foi islamique.
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Représentant d’un pays révolu
De son côté, l’ancien ministre dit représenter "le peuple et le drapeau tricolore de l’Afghanistan", soulignant que le gouvernement en place actuellement n’a pas été reconnu par la communauté internationale.
"Mais je suis un peu perdu", reconnaît Wahid Majrooh, qui dit penser au futur de ses deux petites filles. "En Afghanistan, pour les filles et les femmes, il n’y a plus de futur. On avance vers le passé".
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Michael Maccabez
Séisme en Afghanistan: "beaucoup sont morts faute de structures hospitalières”
Selon l’ONU, au moins 1000 personnes ont été tuées et 3000 blessées après qu’un tremblement de terre d'une magnitude de 5,9 a frappé fin juin le sud-est de l’Afghanistan. Des milliers de survivants étaient dépourvus d’abri, de vivres et d'eau, des jours après le séisme le plus meurtrier qu'ait connu le pays en plus de deux décennies. “C’est l’une des pires tragédies dans l’histoire de ces provinces,” se désole l’ancien ministre de la Santé dans un entretien à la RTS.
"Beaucoup sont morts faute de structures hospitalières plutôt qu’à cause du récent séisme”, estime Wahid Majrooh. Il craint par ailleurs que le bilan humain ne soit sous-estimé, en particulier en raison de l’absence de structures hospitalières adéquates.
"Nous avions un centre de gestion des crises très opérationnel et réactif, on pouvait gérer des centaines d’attaques suicide ou des catastrophes naturelles", se rappelle ce médecin de formation. "Aujourd’hui, tout est perturbé. Pour les gens, cela signifie davantage de morts".