Depuis la semaine dernière, les populations de Ciudad Juarez et Tijuana, villes du nord du Mexique frontalières des Etats-Unis, vivent dans la crainte des violences qui se déchaînent de jour comme de nuit et certains quartiers ont été désertés.
Des voitures, des bus et des commerces ont été incendiés et des routes coupées. Les habitantes et habitants paient aussi un lourd tribu, le président Andres Manuel Lopez Obrador dénonçant la mort de plusieurs "civils innocents", dont deux femmes lors de l'attaque d'une épicerie en représailles à une autre attaque.
Des hommes armés ont également tué quatre employés d'une radio locale, dont un présentateur, alors qu'ils participaient à un événement promotionnel devant une pizzeria. Les autorités font état d'au moins 11 morts et une vingtaine de blessés, alors qu'une dizaine de personnes ont été arrêtées dans la région, mais aussi une centaine plus au sud, dans l'Etat de Michoacan.
Une flambée de violences difficile à expliquer
"Je regrette profondément la perte de vies humaines dans cet événement atroce contre Ciudad Juarez", a déclaré sur Twitter le gouverneur de Chihuahua Maru Campos, indiquant que les autorités fédérales et de l'Etat avaient déployé une vaste opération policière dans la ville de 1,5 million d'habitants.
Les autorités mexicaines et les experts peinent à s'expliquer ces flambées de violences successives en lien avec les cartels de la drogue. On compte sur les personnes arrêtées pour en apprendre davantage. Elles pourraient être le fruit de deux gangs rivaux liés, selon les médias locaux, au cartel de Sinaloa de l'ancien baron de la drogue Joaquin "Chapo" Guzman, qui purge une peine de prison à vie aux Etats-Unis.
Un nouveau type de stratégie
Selon la politologue Guadalupe Correa, spécialiste de l’étude du crime organisé interrogé mardi dans La Matinale, ces troubles "très étranges" reflètent un nouveau type de stratégie de la part des cartels: "Ce genre de violences urbaines, par exemple bloquer des routes en incendiant des véhicules, ne correspond pas aux agissements des groupes criminels qui veulent continuer leur trafic sans attirer l’attention des autorités. Cela pourrait être des narcotrafiquants, mais ils agissent comme des groupes paramilitaires, pour déstabiliser une région."
Tuer des civils est en effet plutôt rare de la part des cartels et Guadalupe Correa voit dans ces agissements la marque d’une organisation en particulier: "Apparemment, un grand nombre de ces groupes sont liés au cartel Jalisco Nouvelle Génération (...) Ce groupe criminel est le plus important depuis quelques années et il est présent dans tout le Mexique."
boi avec es et afp