Qui se souvient du palmarès des médailles des Jeux olympiques de 1972? Des 52 médailles d'or de l'URSS, loin devant les Etats-Unis (34)? De l'Allemagne de l'Est qui surclasse sa rivale de l'Ouest?
De la XXe olympiade d'été de l'ère moderne, organisée en pleine Guerre froide, le monde aurait pu retenir la domination soviétique. Il s'agissait d'une savoureuse revanche après la défaite quelques jours plus tôt de Boris Spassky, champion en titre d'échecs, lors du "match du siècle" contre l'Américain Bobby Fischer.
Mais la mémoire collective retient des Jeux de Munich un mot: carnage. Et cette phrase prononcée en pleine nuit du 6 septembre 1972 à la télévision américaine à l'issue de quatorze heures de direct sur la prise d'otages de onze athlètes israéliens: "They're all gone" ("Ils sont tous morts").
Faire oublier les Jeux de 1936
Pourtant les JO de Munich devaient être, pour le gouvernement allemand, les "jeux de la paix et de la joie". Dans son rapport officiel publié après les JO, en 1974, le Comité d'organisation rappelait que "la conception de base de ces Jeux visait à projeter l'image de la République fédérale d'Allemagne dans une atmosphère joyeuse et détendue".
L'enjeu pour le Comité international olympique et l'Allemagne était double: effacer le souvenir des précédents Jeux d'été, à Mexico en 1968 - quadrillés par l'armée et où des centaines d'étudiants avaient été tués par le gouvernement dix jours avant la cérémonie d'ouverture - ainsi que faire oublier le triste souvenir des derniers JO organisés sur le territoire allemand, les "Jeux de Hitler" en 1936 à Berlin.