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Enquête contre Mahmoud Abbas pour ses propos sur l'Holocauste

Mahmoud Abbas lors de sa conférence de presse avec Olaf Scholz à Berlin, 16.08.2022. [EPA/Keystone - Clemens Bilan]
La police berlinoise enquête sur Mahmoud Abbas pour "incitation à la haine" / Le Journal horaire / 21 sec. / le 19 août 2022
La police berlinoise a annoncé vendredi l'ouverture d'une enquête pour soupçons "d'incitation à la haine" contre le président de l'Autorité palestinienne. Elle fait suite aux propos de Mahmoud Abbas sur l'Holocauste lors de sa récente visite à Berlin.

La police de Berlin a reçu une plainte contre Mahmoud Abbas pour "relativisation de la Shoah", a indiqué une porte-parole de la police à l'AFP en confirmant des informations de médias. Elle est en lien avec ses déclarations lors d'une conférence de presse commune mardi avec le chancelier allemand Olaf Scholz.

Interrogé sur l'attentat des Jeux Olympiques de Munich de 1972, perpétré par un commando palestinien et qui avait coûté la vie à onze Israéliens, Mahmoud Abbas avait comparé la situation dans les Territoires palestiniens occupés par Israël à la Shoah.

"De 1947 à aujourd'hui, Israël a commis 50 massacres dans 50 villes palestiniennes (...), 50 massacres, 50 holocaustes et encore aujourd'hui il y a chaque jour des morts causées par l'armée israélienne", avait-il déclaré.

Olaf Scholz a dénoncé des "déclarations inqualifiables", ajoutant que "pour nous Allemands en particulier, toute relativisation de l'Holocauste est insupportable et inacceptable".

Le commissariat spécialisé de la police judiciaire du Land de Berlin a entamé une enquête. Il prévoit d'informer "prochainement" le parquet, qui décidera ou non de donner suite, a précisé la porte-parole.

>> Les précisions de Blandine Milcent dans La Matinale :

Mahmoud Abbas et Olaf Scholz à Berlin, 16.08.2022. [EPA/Keystone - Clemens Bilan]EPA/Keystone - Clemens Bilan
50 ans après les attentats de Munich, des déclarations de Mahmoud Abbas font polémique en Allemagne / La Matinale / 1 min. / le 18 août 2022

En principe protégé par l'immunité

La procédure risque toutefois de tourner court, car le président de l'Autorité palestinienne devrait être protégé par l'immunité en vertu du droit international, a estimé le ministère des Affaires étrangères.

C'est "parce qu'il s'agissait d'une visite officielle dans sa fonction en tant que représentant de l'Autorité autonome palestinienne, même si l'Allemagne ne reconnaît pas à ce stade la Palestine comme Etat", a déclaré un porte-parole, Christofer Burger, lors d'une conférence de presse régulière.

Le spécialiste en droit pénal Michael Kubiciel, cité dans le quotidien Bild, estime de son côté que l'immunité ne peut être revendiquée qu'en tant que "représentant d'un autre Etat".

Plus de 130 pays reconnaissent la Palestine en tant qu'Etat, mais ni l'Allemagne ni la plupart des pays occidentaux. Berlin a toutefois noué des relations diplomatiques avec l'Autorité palestinienne.

Une campagne "injustifiée" selon les Palestiniens

Le porte-parole de Mahmoud Abbas, Nabil Abou Roudeina, a dénoncé auprès de l'AFP une "campagne" "injustifiée" contre le président de l'Autorité et le "projet national" palestinien.

"Nous affirmons que les positions du président et des dirigeants palestiniens sont claires sur l'ensemble de ces sujets et sont connues de tous", a-t-il ajouté. Dans une clarification mercredi, le leader palestinien avait qualifié la Shoah de "pire crime haineux de l'ère moderne" et affirmé ne pas chercher à "nier sa singularité".

afp/oang

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