Soldat de métier, parachutiste enrôlé dans le régiment d'élite de la Garde russe, basé en Crimée, Pavel Filatiev et son unité ont reçu l'ordre le 24 février dernier d'avancer vers le nord.
"Nous nous sommes retrouvés sur une ligne de front, sans comprendre. Les tirs ont commencé et on ne pouvait plus retourner en arrière. Mais on ne comprenait pas la raison de tout cela et pourquoi on se retrouvait en plein combat", explique-t-il.
Alors que son régiment fonce vers la ville de Kherson et les rives du Dniepr, Pavel est toujours dans le flou. Les ordres de sa hiérarchie sont contradictoires et il n'y a aucune communication ou instruction claire. Le soldat ne sait alors même pas précisément où il se trouve.
Une logistique à la dérive
De cette offensive russe, Pavel garde un souvenir surréaliste. Manque de ravitaillement, manque de munitions et une logistique globalement à la dérive.
Dès les premiers jours, les soldats se retrouvent parfois livrés à eux-mêmes, en attendant de la nourriture qui ne vient pas. Peu à peu et face aux combats, à la brutalité de la guerre et à la désorganisation générale, Pavel n'en peut plus.
"J'ai compris que je ne voulais pas participer à cette folie. Personne n'a besoin de cette guerre, surtout pas la Russie et ses citoyens", détaille-t-il.
>> Relire à ce sujet cet article qui revient sur les premiers jours de la guerre : Tanks à l'arrêt, camions en panne sèche... les carences logistiques de l'armée russe
Une armée envoyée "au casse-pipe"
Blessé, évacué, il résume son expérience dans un récit de 141 pages sans concession (Ndlr: ici, la version russe du document). Pour lui, Vladimir Poutine et ses généraux ont tout bonnement envoyé leur armée au casse-pipe et il souhaite que cela se sache.
Après une publication sur des médias indépendants à Moscou, il décide prudemment de larguer les amarres. Désertion, fuite en Estonie, et une vie entière à reconstruire.
Reportage tv: Marc Julmy/ther