Sable fin, eaux cristallines, planches de surf et mobilier en rotin: la beauté de Byron Bay, ville côtière au sud-est de l'Australie, est des plus photogéniques. Cette petite station balnéaire de 9000 habitants, qui s'est très vite fait un nom sur Instagram, est très prisée des surfeurs, célébrités et autres touristes, qui sont désormais plus de deux millions à s'y rendre chaque année.
Un engouement sur lequel surfe également la plateforme Netflix avec la série de téléréalité "Byron Bay, sans filtre", où des influenceurs tentent de se faire une place au soleil dans ce coin de paradis.
Mais plus que son sable blanc, la popularité de Byron Bay auprès des touristes est due à son côté "bohème", un trait importé par la communauté hippie, installée dans les années 1970 dans la région découverte lors du festival musical Aquarius, l’équivalent australien de Woodstock. "L'influence des hippies après le festival s’est traduite par une vague de spiritualité New Age, et par l’émergence de modes de vie alternatifs", rappelle Michael Lyon, maire de la commune.
Ces modes de vie - qualifiés de "baba cool" ou de décroissant - rejettent le consumérisme et la croissance à tout prix. Ainsi, à Byron Bay, aucun immeuble ne fait plus de deux étages et les grandes chaînes de fast-food sont absentes.
Spéculation immobilière et Airbnb
Mais les hippies n’ont en revanche rien pu faire contre la spéculation immobilière. A tel point que l’an dernier, c’est à Byron Bay que le prix de la pierre a le plus fortement augmenté: le prix médian d’une maison y frôle désormais le million et demi de francs, et une simple chambre en collocation coûte au moins 750 francs par mois.
Une surchauffe provoquée, d’après Michael Lyon, par la multiplication des locations de vacances entre particuliers. "On a toujours eu entre 5 et 10% de notre parc immobilier dédiés principalement à la location de vacances. Mais Airbnb et ce type de plateformes ont fortement accru cette tendance, au point qu’aujourd’hui 25% de tous les logements dans l’agglomération sont loués à court terme sur ces plateformes", dénonce-t-il.
D’après les chiffres officiels, il y aurait environ 200 personnes sans domicile fixe à Byron Bay, soit à peine moins que dans la plus grande ville du pays, Sydney. Sur place, il n’existe qu’une seule structure d’accueil.
Conséquences sur l'économie locale
Cette crise sociale a également des répercussions sur l’économie locale, avec des pénuries dans les commerces: les employés des pubs, cafés et boutiques, qui vivaient auparavant dans les petits appartements transformés en location de vacances, n'ont désormais plus les moyens de vivre en ville.
Une injustice contre laquelle le maire de la ville va pouvoir mieux lutter, puisqu’il vient d’être autorisé à diviser par deux le nombre de nuitées autorisées sur Airbnb, désormais limitées à 90 par an.
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Mais pour Mandy Nolan, candidate des Verts aux dernières élections fédérales, il faut aller encore plus loin et supprimer les incitations fiscales sur l’investissement locatif, parce que cela pousse les gens à considérer l'immobilier comme un investissement. Si le gouvernement travailliste ne compte pour l'heure pas réformer la fiscalité sur l’immobilier, il s’est en revanche engagé à construire 10'000 logements sociaux. La mesure est saluée par le maire de Byron Bay, où les HLM représentent moins de 2% du parc locatif total.
De leur côté, les habitants et habitantes de Byron Bay ne croisent pas les bras non plus: une pétition appelant au boycott de l'émission de Netflix et demandant aux autorités locales de refuser à la plateforme les autorisations de tournage pour une saison 2, a déjà recueilli près de 10'000 signatures.
Grégory Plesse/kkub