"Armer l'Ukraine est le meilleur investissement sécuritaire à long terme", selon l'ambassadrice de Kiev à l'ONU

Jour du drapeau et fête nationale: depuis mardi, l'Ukraine commémore son indépendance du bloc soviétique. Mais cette année, ces événements patriotiques revêtent une importance symbolique particulière, près de six mois après le début de l'invasion partielle du pays par la Russie.

"Il y a eu tant de pertes, tant de souffrance et de destructions. Nous espérons qu'en ce jour de commémorations du drapeau ukrainien, ce dernier flottera sur tout le territoire de l'Ukraine, y compris la Crimée", a déclaré l'ambassadrice ukrainienne à l'ONU Yevheniia Filipenko sur la RTS.

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"La Russie ne nous fait pas peur"

Près de 180 jours après le début de la guerre sur sol ukrainien, Yevheniia Filipenko croit plus que jamais en la victoire de son pays, alors que la Russie, qu'elle qualifie d'"Etat terroriste", ne progresse plus dans le Donbass.

"Je pense que les Ukrainiens l'ont prouvé, la Russie ne nous fait pas peur. En revanche, ils ont peur de nous (...) Notre objectif est de défendre notre territoire souverain et d'en reprendre le contrôle. La Russie n'a pas l'intention de s'arrêter, son seul objectif est la destruction de l'Ukraine. Mais ils n'y arriveront pas, parce que nous sommes en train de gagner et la panique les a gagnés. Tous les jours, nous nous rapprochons de la victoire", estime-t-elle.

Armes, sanctions et soutien économique

Pour atteindre cet objectif, la diplomate auprès de l'ONU à Genève compte plus que jamais sur l'appui de la communauté internationale. "Pour battre la Russie, nous avons besoin de trois grands éléments: plus d'armes lourdes, plus de sanctions et plus de soutien économique. Nous sommes en train de les obtenir. La communauté internationale est là, solidaire avec nous et avec le droit international."

Et l'ambassadrice de poursuivre: "Les Ukrainiens paient le prix fort. Nous espérons que les Européens seront prêts à payer un prix bien plus modeste pour leur sécurité, pour leur bien-être et pour vivre en paix. Donner des armes plus lourdes à l'Ukraine, c'est le meilleur investissement dans la sécurité à long terme pour l'Europe."

La seule langue que comprend la Russie est celle de la force

Pour Yevheniia Filipenko, la voie diplomatique pour sortir du conflit russo-ukrainien n'est plus d'actualité. "En tuant plus de 50 prisonniers de guerre à Olenivka (ndlr: Kiev et Moscou s'accusent mutuellement), en ciblant la centrale nucléaire de Zaporijjia, en prévoyant demain un simulacre de procès pour des prisonniers de guerre, la Russie le prouve, elle n'a aucune intention de négocier. Nous devrions tous comprendre que la seule langue que comprend la Russie est celle de la force. Nous devons parler avec la Russie une langue qu'elle comprend."

La Suisse reste du "bon côté de l'histoire"

A Genève, Yevheniia Filipenko a rencontré de nombreux compatriotes arrivés en Suisse depuis le 24 février. Elle souligne en particulier l'accueil "chaleureux" qui leur a été réservé. "La plupart des personnes que j'ai rencontrées souhaitent rentrer, mais elles éprouvent beaucoup de gratitude envers la Suisse, qui leur offre la possibilité de rester dans un contexte sûr."

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L'émissaire ukrainienne a-t-elle été surprise de la position de la Suisse dans le cadre du conflit russo-ukrainien? "Je pense que la Suisse a exprimé une position univoque, dans le soutien de l'ordre international et de la loi. Je dois rendre hommage au président Ignazio Cassis qui a organisé la conférence de Lugano. C'est la meilleure démonstration de l'engagement suisse pour rester du bon côté de l'histoire."

>> Voir l'interview complète de Yevheniia Filipenko dans le 19h30 :

Propos recueillis par Philippe Revaz

Adaptation web: Jérémie Favre