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La République démocratique du Congo ambitionne de devenir un géant des énergies fossiles

La République démocratique du Congo ambitionne de devenir un gérant des énergies fossiles. [AFP - ALEXIS HUGUET]
La République Démocratique du Congo sur le chemin de l’industrialisation énergétique / Tout un monde / 6 min. / le 25 août 2022
Les sous-sols de la République démocratique du Congo regorgent de pétrole et de gaz. Le gouvernement a bien l'intention d'en profiter. Il vient de lancer des appels d'offres pour exploiter 30 blocs pétroliers et gaziers. Des organisations de défense de l'environnement sont inquiètes.

Avec ce projet, la République démocratique du Congo (RDC) voit grand: connue pour ses richesses minières, la RDC souhaite diversifier son économie et articule des chiffres astronomiques pour séduire les grandes compagnies pétrolières. Si le pays produit actuellement 23'000 barils de pétrole par jour, il estime les ressources à 22 milliards de barils et à 66 milliards de m3 de gaz dans le lac de Kivu.

"Plus vous donnez des chiffres importants, plus vous avez l'oreille de l'industrie pétrolière", prévient Francis Perrin, directeur de recherches à l'IRIS, jeudi dans Tout un monde. La RDC, qui est un pays immense, a été "très peu explorée" en termes pétrolier et gazier. "Il faudra des années d'exploration et de nombreux forages pour pouvoir - mais pas tout de suite - mettre sur le devant de la scène des chiffres qui seront plus représentatifs du potentiel de la RDC."

"Nous avons intérêt à exploiter notre sous-sol"

Des organisations de protection de l'environnement, dont Greenpeace Afrique, estiment que ce projet gouvernemental aurait des conséquences catastrophiques sur les communautés riveraines de ces blocs pétroliers, la biodiversité et le climat mondial. Parce qu'il touche notamment un complexe riche en tourbières dans la zone de la Cuvette centrale, une "bombe" à carbone, et le Parc national des Virungas, dernier refuge des gorilles des montagnes.

Le gouvernement de la RDC assure que les zones protégées ne seront pas touchées. Cependant, il compte bien profiter de toutes les opportunités possibles pour développer le pays. "On sait tous que les énergies fossiles tendent vers la fin, donc nous avons intérêt à les exploiter maintenant. (...) Nous avons pris des blocs hors des périmètres protégés", assurait Didier Budimbu, le ministre congolais des hydrocarbures, à TV5 Monde. "Au Congo, nous aimons l'environnement, mais nous devons quand même profiter de nos sous-sols."

Les défenseurs de l'environnement ne nient pas l'aide au développement que pourrait apporter l'argent du pétrole. Mais ils ne font aucune confiance au gouvernement, qui généralement ne tient pas ses promesses. La RDC est 169e sur 180 pays à l'index sur la corruption de l'ONG Transparency International.

Les écologistes se disent menacés

L'expérience minière montre que des fortunes énormes se sont faites sur le dos des populations locales qui profitent peu des richesses du sous-sol, selon le secrétaire général du réseau pour la conservation et la réhabilitation des écosystèmes forestiers à Goma, dans l'est de la RDC, François Biloko. Les militants écologistes affirment faire l'objet de menaces.

"Des déclarations de certains ministres du gouvernement congolais ont attisé les flammes", déplorent les huit organisations de défense de l'environnement. Elles "exigent que les autorités adoptent un discours plus tolérant et prennent des mesures pour protéger les droits des défenseurs de l'environnement".

"Le contexte est compliqué en termes politique, de gouvernance, de risques politiques, de conflits armés. Ce n'est pas un pays qui a la totalité de son territoire en paix", souligne Francis Perrin, directeur de recherches à l'IRIS. En outre, la guerre en Ukraine ne devrait pas venir bouleverser le calendrier des appels d'offres. Le pétrole et le gaz de RDC ne viendront pas sauver le monde occidental des pénuries possibles cet hiver. L'arrivée sur le marché d'hydrocarbures et de gaz congolais prendra beaucoup plus de temps.

Sujet radio: Nicolas Vultier

Adaptation web: Valentin Jordil

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