"Nous avons reçu des indications substantielles" du gouvernement chinois en réponse au projet de rapport, a précisé Michelle Bachelet devant la presse. Le document doit encore être adapté mais il soulignera les violations des droits humains au Xinjiang, a assuré la Haute commissaire aux droits de l'homme de l'ONU.
Des pressions reçues de toutes parts
"J'ai reçu des pressions de pays qui voulaient publier et d'autres qui ne voulaient pas publier", a-t-elle indiqué à quelques jours de la fin de son mandat de quatre ans à l'ONU.
Mais "les pressions n'ont pas de prise sur notre travail", a assuré la Chilienne. "Notre décision dépend de procédures standard et d'une méthodologie. Mais ce n'est pas comme ça que nous faisons."
Nombreuses violations au Xinjiang
Plus d'un million de membres de la minorité musulmane des Ouïghours seraient retenus dans des camps d'internement dans le territoire autonome du Xinjiang, exposés à de nombreuses violations des droits humains. De son côté, Pékin les justifie par la lutte contre l'extrémisme.
>> Lire : La Chine réprime violemment ses minorités musulmanes, au grand dam de la communauté internationale
Le rapport de Michelle Bachelet est attendu depuis longtemps, et encore plus depuis sa récente visite en Chine. La Chilienne a été accusée de s'être fait instrumentaliser par le gouvernement de Pékin. Elle y a répondu en affirmant qu'elle n'était pas allée mener des investigations lors de ses visites, notamment au Xinjiang.
Elle a démenti également avoir reçu toute lettre des autorités chinoises lui demandant de ne pas publier son rapport.
>> Lire : Beaucoup de questions, peu de réponses, le bilan de Michelle Bachelet en Chine interroge
Appel pressant de Human Rights Watch
Dès mercredi, Human Rights Watch (HRW) avait réitéré de son côté son appel pressant à la Haute commissaire à passer à l'action avant son départ. "Les victimes et les groupes de défense des droits humains regardent" Michelle Bachelet pour qu'elle honore sa promesse, a affirmé l'un de ses responsables à Genève, John Fisher.
Si celle-ci renonçait, elle ferait preuve de "manquement à son devoir", a-t-il dit. Il en va de "sa propre réputation, de la trace qu'elle laissera et de la crédibilité de son bureau". Selon l'ONG, le rapport doit refléter les évaluations des pays ou organisations qui ont conclu à des crimes contre l'humanité. Certains ont même parlé de génocide.
Depuis des mois, de nombreux Etats ont montré une certaine impatience à l'égard de la Haute commissaire. Au moment de l'annonce de son départ en juin dernier, la Suisse avait salué son travail. Mais elle s'était également jointe quelques jours plus tard aux demandes sur le rapport.
ats/oang
Un bilan personnel en demi-teinte
A six jours de la fin de son mandat, la Haute commissaire de l'ONU aux droits de l'homme en a dressé le bilan jeudi à Genève.
Michelle Bachelet quitte ce poste hautement exposé sous le feu des critiques des ONG. Devant la presse, elle a mis en avant ses qualités de diplomate héritées de son passé de cheffe d'Etat au Chili.
Elle a dit également son souci, durant quatre ans, de parler directement aux chefs de gouvernement lorsque la situation l'imposait. Mais la Haute commissaire a déploré le fait que la pandémie l'ait empêchée de se rendre plus souvent sur le terrain.
Michelle Bachelet a encore souligné qu'elle aurait aimé faire plus, tout en relevant de nombreuses avancées - notamment concernant l'abolition de la peine de mort.
De manière générale, elle dit rester très préoccupée par la situation des droits humains autour de la planète.