"L'Oder est actuellement le théâtre d'une catastrophe environnementale qui endommagera pour longtemps ce précieux écosystème", a déploré la ministre écologiste allemande. Parmi ces 300 tonnes, environ 100 tonnes ont été prélevées côté allemand, dans la région du Brandebourg.
Les poissons morts sont incinérés dans des usines spécialisées. Les causes précises de ces disparitions massives restent à déterminer, a rappelé la ministre.
L'origine du désastre encore inconnue
Les autorités jugent qu'une micro-algue toxique, "prymnesium parvum", pourrait être à l'origine du désastre. La micro-algue incriminée, appelée aussi "algue dorée", est fréquente dans les estuaires et se développe normalement dans les eaux saumâtres à la teneur en sel moindre que la mer.
Si elle a pu proliférer à ce point dans les eaux douces de l'Oder, cela indique une salinité anormale du fleuve, qui pourrait avoir des causes industrielles.
"Il peut y avoir un produit chimique spécifique à l'origine du problème. Mais souvent, les poissons meurent par manque d’oxygène et c'est plus difficile de trouver la cause de leur mort", explique Jean-François Rubin, docteur en biologie, spécialiste des cours d’eau et directeur de la Maison de la Rivière, au micro de Forum.
Selon l'expert, quelques heures ou jours peuvent suffire pour que l’eau redevienne propre, rendant l'analyse d'autant plus compliquée.
La place du réchauffement climatique
Pour Jean-François Rubin, cette "catastrophe écologique majeure" n'est pas directement causée par le réchauffement climatique, bien que celui-ci amplifie l'événement.
"Il ne suffit pas d'interdire certains pesticides, car ceux qui sont déjà utilisés et leur quantité sont déjà problématiques. S'il n'y a pas beaucoup d'eau, on atteint une concentration mortelle pour les poissons sans utiliser plus de pesticides qu'avant", précise-t-il.
Tensions diplomatiques
Le désastre a quelque peu tendu les relations entre Berlin et Varsovie. L'Allemagne a ainsi accusé la Pologne d'avoir tardé à l'informer sur l'étendue de la pollution.
Les premiers signalements de la mort massive de poissons dans l'Oder ont été faits par des habitants et des pêcheurs à la ligne polonais dès le 28 juillet. Ces dernières années, l'Oder était connu pour être un fleuve relativement propre, avec environ 40 espèces de poissons y vivant.
Des deux côtés, on a très tôt soupçonné des substances chimiques d'avoir joué un rôle. La ministre polonaise de l'Environnement, Anna Moskwa, avait toutefois précisé par la suite qu'"aucun des échantillons testés jusqu'à maintenant" n'avait "montré des substances toxiques".
afp/doe