Selon le dernier bilan de l'Autorité nationale de gestion des catastrophes (NDMA) publié dimanche, 1033 personnes ont été tuées par les pluies torrentielles, dont 119 ces dernières 24 heures.
Plus de 33 millions d'habitants, soit un Pakistanais sur sept, ont été touchés par les inondations et près d'un million de maisons ont été détruites ou gravement endommagées, selon le gouvernement.
La NDMA a précisé que plus de 80'000 hectares de terres cultivables avaient été ravagées et plus de 3400 kilomètres de routes et 149 ponts emportés par les eaux.
La mousson, qui dure habituellement de juin à septembre, est essentielle pour l'irrigation des plantations et pour reconstituer les ressources en eau du sous-continent indien. Mais elle apporte aussi chaque année son lot de drames et destructions.
>> Lire aussi : Etat d'urgence au Pakistan après des pluies de mousson qui ont fait plus de 900 morts
Nouveau déluge attendu
Le sud du Pakistan, particulièrement touché par les inondations, se prépare à un nouveau déluge provoqué par les crues des rivières. Alimenté par des dizaines de rivières et de ruisseaux de montagne sortis de leur lit à la suite de pluies record et de la fonte des glaciers, l'Indus, fleuve qui traverse la province du Sindh dans le sud du pays, ne cesse de grossir.
Les vannes ont été ouvertes pour faire face à un débit de plus de 600'000 m3 par seconde, a indiqué le responsable de l'important barrage qui régule le débit du fleuve, près de la ville de Sukkur, dans la province du Sindh, où vivent quelque 500'000 habitants.
Les autorités ont prévenu que des torrents d'eau devraient atteindre cette province du sud dans les prochains jours, aggravant les difficultés de millions de personnes déjà touchées par les inondations.
>> Lire aussi : Au Pakistan, la fonte des glaciers fait vivre un enfer aux habitants
Habitants invités à évacuer
Dans le nord du Pakistan, des milliers de personnes vivant près de rivières en crue ont reçu l'ordre samedi d'évacuer leurs habitations. Des hélicoptères et des sauveteurs continuaient toutefois dimanche de mettre à l'abri les retardataires.
Ces intempéries sont comparables à celles de 2010, année au cours de laquelle 2000 personnes avaient été tuées et près d'un cinquième du pays submergé par les pluies de mousson qui interviennent chaque année entre juin et septembre, selon les autorités.
Vendredi, le gouvernement a déclaré l'état d'urgence et mobilisé l'armée pour faire face à cette "catastrophe d'une rare ampleur", selon les termes de la ministre du Changement climatique, Sherry Rehman.
Un pays très exposé au changement climatique
Les responsables pakistanais attribuent ces intempéries dévastatrices au changement climatique, affirmant que le Pakistan subit injustement les conséquences de pratiques environnementales irresponsables ailleurs dans le monde.
Pourtant, les habitants ont aussi leur part de responsabilité. La corruption et des programmes d'urbanisme mal établis ont conduit à la construction de milliers de bâtiments dans des zones inondables.
Le Pakistan est particulièrement vulnérable au dérèglement climatique. Il figure en huitième position des pays les plus menacés par les phénomènes météorologiques extrêmes, selon une étude de l'ONG Germanwatch.
jfe avec agences
Approvisionnements limités
Ces inondations surviennent au pire moment pour le Pakistan, dont l'économie s'effondre et qui connaît une profonde crise politique depuis l'éviction du Premier ministre Imran Khan en avril, à la suite d'une motion de censure à l'Assemblée nationale.
Si la capitale Islamabad et la ville voisine de plus de 2 millions d'habitants, Rawalpindi, ont échappé au pire, les premières conséquences se font déjà sentir: "les approvisionnements sont très limités", souligne Muhammad Ismail, un marchand de fruits et légumes à Rawalpindi.
"Les tomates, les petits pois, les oignons et autres légumes ne sont pas disponibles en raison des inondations", explique-t-il, ajoutant que les prix avaient également grimpé en flèche.