L'armée a aussitôt annoncé la levée du couvre-feu décrété la veille dans l'ensemble du pays riche en pétrole mais accablé par une grave crise socio-économique doublée d'une impasse politique depuis les élections législatives d'octobre 2021.
Aussitôt après l'annonce lundi de Moqtada Sadr de son "retrait" de la vie politique, des milliers de ses partisans ont envahi le siège du gouvernement dans la Zone Verte. Des combats ont ensuite éclaté entre sadristes et partisans du Cadre de coordination, alliance rivale de Moqtada Sadr qui regroupe des groupes pro-Iran dont celui du Hachd al-Chaabi.
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"Excuses"
"Si tous les membres du Courant sadriste ne se retirent pas dans les 60 minutes de partout (à Bagdad), même du sit-in (devant le Parlement), je les désavouerai", a menacé Moqtada Sadr lors d'une conférence de presse dans son fief de Najaf (centre).
"Je présente mes excuses au peuple irakien, seul affecté par les événements", a ajouté Moqtada Sadr, dont l'influence n'a d'égale que l'imprévisibilité. "Honte à cette révolution. Peu importe qui en est l'initiateur, cette révolution, tant qu'elle est entachée de violence, n'en est pas une", a-t-il dénoncé, en "remerciant les forces de sécurité et les membres du Hachd al-Chaabi".
Après son appel, ses partisans ont commencé à quitter la Zone Verte, où siègent les institutions gouvernementales et des ambassades occidentales, a constaté l'AFP. Et les armes se sont tues.
Appels au dialogue et à la retenue
Les combats entre d'un côté les Brigades de la paix, une faction armée aux ordres de Moqtada Sadr, et de l'autre les forces de l'ordre et le Hachd al-Chaabi, d'ex-paramilitaires intégrés aux forces régulières de l'autre, avaient repris le matin après une nuit relativement calme. Armes lourdes et roquettes RPG ont été utilisées.
Selon un dernier bilan fourni par une source médicale mardi, au moins 30 partisans de Moqtada Sadr ont été tués par balles depuis lundi et 570 personnes blessées dans la Zone Verte. Des funérailles ont été organisées à Najaf.
Le Cadre de coordination avait condamné l'"attaque contre les institutions de l'Etat" tout en appelant au "dialogue". Les Etats-Unis, l'ONU et la France ont appelé, eux, à la retenue.
Retrait "définitif"
Mardi il a de nouveau confirmé son retrait de la vie politique lors de sa conférence de presse. Cette décision est "définitive", a-t-il dit. Arrivé premier aux législatives avec 73 sièges (sur 329) mais incapable de former une majorité, il avait fait démissionner ses députés en juin, affirmant vouloir "réformer" le système et en finir avec la "corruption".
ats/ebz
Impasse politique
L'Irak est plongé dans l'impasse politique depuis les élections législatives d'octobre 2021 remportées par Moqtada Sadr, les barons de la politique ayant été incapables de s'accorder sur le nom d'un nouveau Premier ministre. Et le pays n'a donc ni nouveau gouvernement ni nouveau président depuis le scrutin.
Pour sortir de la crise, Moqtada Sadr et le Cadre de coordination s'accordent sur un point: il faut de nouvelles élections. Mais si Moqtada Sadr insiste pour dissoudre le Parlement avant tout, ses rivaux veulent d'abord la formation d'un gouvernement.
Ces dernières semaines, le leader chiite n'a cessé de faire monter les enchères, car il sait qu'il peut compter sur l'appui d'une très large frange de la communauté chiite, majoritaire en Irak. Depuis un mois, ses partisans campent aux abords du Parlement dans la Zone verte et ont même bloqué brièvement l'accès à la plus haute instance judiciaire du pays à Bagdad.