L'année 2022 est particulièrement propice pour apercevoir les nombreuses baleines à bosse présentes à La Réunion. C'est aussi le moment idéal pour lancer Miromen II, une opération de pose de balises satellites Argos. L'opération est pilotée par l'association scientifique Globice, spécialisée dans l'étude et la conservation des cétacés.
"Notre objectif est d'avoir un suivi très précis des trajets qu'empruntent les baleines entre la zone de reproduction qu'est la Réunion et leur zone d'alimentation en Antarctique. Cela nous permet d'avoir une idée de leur route migratoire", explique dans l'émission Tout un monde de la RTS Violaine Dulau, présidente de Globice.
"Identifier ces trajets est important pour déterminer si le trafic maritime aura un impact sur ces routes migratoires. C'est aussi important de savoir où elles se nourrissent pour essayer de comprendre les effets des activités humaines et du réchauffement climatique sur ces populations."
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Opération délicate
Poser une balise Argos d'environ 20 cm sur le dos d'un cétacé d'une quinzaine de mètres de long est une opération rare et délicate. "On fait ça sur un bateau en mouvement, avec un animal mouvant, il faut donc être bien synchronisé", décrit Amy Kennedy, spécialiste de la pose de balises sur baleines.
La pose de balise se fait avec un bateau en mouvement, sur un animal mouvant, il faut être synchronisé
Elle précise que l'opération nécessite une position très précise. "On ne peut pas implanter la balise n'importe où. Elle doit être très haut sur le corps de la baleine, juste en dessous ou dessus de la nageoire dorsale. C'est cette position très spécifique qui permettra à la balise d'émettre pendant longtemps."
Nombreuses surprises
Une fois la mission accomplie, le trajet de la baleine peut être suivi en temps réel sur un écran. Violaine Dulau est impatiente de voir les secrets que ces balises vont dévoiler: "C'est notre deuxième grosse campagne de déploiement de balises."
"La première mission en 2013 nous avait réservé plein de surprises. On pensait que les mères restaient à La Réunion, près des côtes, avec leurs petits. Mais on a vu qu'elles voyageaient beaucoup plus dans l'océan Indien que ce qu'on imaginait. Il n'est donc pas exclu qu'on ait encore de nouvelles surprises en 2022."
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Lutte contre le réchauffement
Outre le fait que la baleine à bosse est une espèce protégée, elle peut aussi être un atout contre le réchauffement climatique. "Les grands cétacés, comme les baleines à bosse, les baleines bleues ou les cachalots, ont un rôle important dans l'océan, parce qu'ils contribuent à stocker le carbone", explique Jean-Marc Gancille, de Globice.
"Ils produisent des excréments volumineux chargés en fer et en azote qui vont fertiliser le phytoplancton, qui stocke du carbone. Ce carbone est ensuite ingéré par le zooplancton, qui est la base de l'alimentation des grandes baleines et qui se retrouvent donc dans leur corps et va même pénétrer leur squelette. Lorsque les baleines vont mourir, elles vont sombrer au fond de l'océan et séquestrer durablement ce CO2."
Lola Fourmy/asch