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Jour de fête nationale à Kaboul un an après le départ effectif des États-Unis

Jour de fête nationale à Kaboul un an après le départ effectif des États-Unis
Jour de fête nationale à Kaboul un an après le départ effectif des États-Unis / L'actu en vidéo / 1 min. / le 31 août 2022
Les talibans célèbrent mercredi le premier anniversaire du retrait d'Afghanistan de la coalition internationale dirigée par les Etats-Unis. Les autorités ont décrété une journée de fête nationale, même si le gouvernement n'a pour l'instant annoncé aucune célébration officielle à Kaboul.

Le 30 août 2021, une minute avant minuit, le dernier soldat américain s'envolait de l'aéroport de Kaboul avec 24 heures d'avance sur la date butoir fixée par le président américain Joe Biden pour le retrait des troupes du pays, après 20 ans de guerre et d'occupation, débutée en représailles à l'attaque du 11 septembre 2001.

Ce retrait avait entériné la reprise du pouvoir par les fondamentalistes talibans, qui ont décrété un "Emirat islamique" dans le pays. Les autorités talibanes ont ainsi décrété que mercredi serait une journée de fête nationale pour célébrer la fin de cette guerre.

"Seuls les Afghans ont la fierté de vaincre trois empires en un siècle", pouvait-on lire dès mardi sur des bannières accrochées dans Kaboul, où flottaient aussi les drapeaux blancs des talibans portant la chahada, la déclaration de foi islamique, le premier des cinq piliers à la base de la religion musulmane.

Des guirlandes lumineuses vertes, bleues ou encore rouges illuminaient des avenues de la capitale dès mardi soir, même si le gouvernement n'a pour l'instant annoncé aucune célébration officielle à Kaboul.

Régression socioéconomique

Depuis la reprise du pouvoir par les talibans, les quelque 38 millions d'Afghans sont confrontés à l'une des pires crises humanitaires dans le monde, selon les Nations unies. La situation n'a fait qu'empirer après que les versements de milliards de dollars d'aides étrangères - qui avaient soutenu l'économie afghane pendant des décennies - ont été soudainement interrompus avec le retrait des Etats-Unis.

Les difficultés socioéconomiques des Afghanes et des Afghans, en particulier des femmes, se sont accrues. Très vite et en dépit de leur promesse initiale, les nouveaux maîtres du pays sont largement revenus à l'interprétation ultra-rigoriste de l'islam qui avait caractérisé leur premier passage au pouvoir entre 1996 et 2001.

>> Lire également : Un an après le retour des talibans, l'Afghanistan fait face à une "extrême pauvreté"

Les écoles secondaires pour les filles ont été fermées dans de nombreuses provinces et les femmes exclues de nombreux emplois publics. Elles ont également reçu l'ordre de se couvrir entièrement en public, idéalement avec une burqa intégrale, vêtement caractéristique de l'Afghanistan.

"L'Afghanistan est devenu le pire endroit au monde pour les femmes alors qu'il y a tout juste un an, il y avait 27% de femmes représentées au Parlement", souligne Teresa Casale, qui dirige l'organisation Mina's List. Selon elle, les Etats-Unis - tant l'administration Trump qui a négocié le retrait américain avec les talibans que l'administration Biden qui a mis en oeuvre ce choix - auraient dû exiger des garanties avant de quitter le pays. "Sans quoi, on peut dire de façon catégorique que le retrait a été un désastre et je dirais même une trahison", a-t-elle déclaré.

ats/jop

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La page n'est pas encore tout à fait tournée aux Etats-Unis

Durement critiqué pour le fiasco du retrait des troupes américaines d'Afghanistan il y a un an, Joe Biden a néanmoins largement tourné la page, malgré l'état lamentable du pays meurtri par des décennies de guerre. Son administration reste plutôt discrète autour de l'anniversaire de ce retrait, qui a mis fin à la plus longue guerre que les Etats-Unis aient jamais connue.

Via un communiqué, le président américain a commémoré cette opération ainsi que la mort, le 26 août 2021, de 13 soldats américains tués dans un bombardement à l'extérieur de l'aéroport de Kaboul. Dans un message aux forces armées, le secrétaire à la Défense Lloyd Austin a pour sa part rendu hommage aux 2461 Américains morts sur le front et salué les efforts engagés par les Etats-Unis pour "construire un avenir meilleur pour le peuple afghan".

Enjeu des élections de mi-mandat

La guerre en Afghanistan a, par ailleurs, coûté la vie de plus de 3500 soldats d'autres pays de l'OTAN, ainsi qu'à des dizaines de milliers d'Afghans. Elle aura coûté au total 2000 milliards de dollars aux États-Unis, un investissement décrié de longue date par Joe Biden.

L'Afghanistan ne figure plus dans les priorités de l'actuelle administration américaine et de sa politique étrangère, bousculée par l'invasion russe de l'Ukraine en février dernier. De son côté, l'opposition républicaine fustige un président qui a "affaibli" l'Amérique et mis en jeu "la sécurité nationale et l'image des Etats-Unis dans le monde". Elle a promis d'organiser des auditions au Congrès si les républicains remportent les élections de mi-mandat en novembre.

Enfin, selon un récent sondage de l'institut Gallup, 50% des Américains estiment même que la guerre en Afghanistan a été une erreur. Un taux qui tranche avec la quasi-unanimité qui prévalait après les attentats du 11 septembre 2001 qui avaient justifié l'invasion du pays.