Un peu partout sur la planète, les cours d’eau et les lacs asséchés mettent au jour depuis quelques mois des témoignages du passé.
Dans le lit de l’Elbe, à Děčín en République tchèque, ce sont des "pierres de la faim" qui ont émergé des basses eaux. "Si tu me vois, pleure", dit l’une d’elle datée du 19e siècle. Elle rappelle aux générations futures que les graves sécheresses amènent leur lot de famine.
Au Texas, ce sont des traces de dinosaures vieilles d'environ 113 millions d'années qui ont surgi alors qu'à Chongqing, en Chine, la sécheresse a révélé des bouddhas sculptés six fois centenaires.
Des observations impossibles auparavant
Engloutie puis ressurgie cet été aussi, une construction mégalithique monumentale, dans le réservoir de Valdecañas, près de Cáceres dans l'ouest de l'Espagne, fait scintiller l'oeil de Marie Besse, spécialiste genevoise du néolithique.
"Toutes les données de ce début du néolithique ont été recouvertes par la mer et aujourd'hui on arrive enfin à les repérer", se réjouit-elle mercredi dans le 19h30 de la RTS. "On peut faire des observations que l'on ne faisait pas avant".
En Irak, c'est le niveau très bas du réservoir d'eau de Mossoul, sur une période allongée, qui a permis cet été des fouilles d'une ampleur inédite dans une cité de l'âge du Bronze.
Le tournant marqué par la découverte d'Ötzi
L'eau ou la glace offrent un environnement favorable à la conservation de nombreuses données. C'est ainsi que le mois de septembre 1991 va marquer un tournant dans la prise en compte des aléas climatiques dans le milieu archéologique: la fonte d'un glacier révèle le corps momifié d'Ötzi, assassiné il y a plus de 5000 ans.
"On pensait que c'était un randonneur perdu depuis 50 ans ou un siècle", se souvient Marie Besse. "On n'avait jamais imaginé retrouver un individu du néolithique avec l'ensemble des éléments autour, les vêtements les objets", poursuit cette professeure d'archéologie préhistorique à l'Université de Genève.
Depuis, en écho avec le réchauffement climatique, l’archéologie glaciaire s’est développée. Elle passe par une surveillance systématique des abords des glaciers en septembre, mois le plus favorable à la recherche d’indices et de trésors du passé.
Marie-Emilie Catier/oang