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Le Chili aux urnes pour remplacer sa Constitution datant de la dictature

Le Chili vote ce dimanche sur une nouvelle Constitution plus progressiste. [EPA - Elvis Gonzales]
Le Chili vote ce dimanche sur une nouvelle Constitution plus progressiste / Le 12h30 / 1 min. / le 4 septembre 2022
Les 15 millions d'électeurs et électrices chiliens ont commencé à voter dimanche dans le cadre du référendum sur la nouvelle Constitution destinée, si elle est approuvée, à remplacer celle qui datait de la dictature d'Augusto Pinochet.

De longues queues s'étiraient devant les bureaux de vote avant même leur ouverture à 08h00 (14h00 suisses) pour ce scrutin qui doit décider si oui ou non les Chiliens veulent un important changement de société. Le vote s'achèvera à 18h00 (minuit en Suisse).

Le président de gauche Gabriel Boric a été parmi les premiers à aller voter, avec son père et son frère, dans la ville de Punta Arenas, à l'extrême sud du pays, face au Détroit de Magellan.

"Au Chili, nous devons résoudre nos différences avec plus de démocratie, jamais avec moins. Je suis très fiers que nous soyons arrivés jusqu'ici", a-t-il twitté à cette occasion.

Le vote de dimanche devrait soit finaliser, en cas de oui, soit suspendre, si le non l'emporte, le processus de nouvelle Constitution entamé après le violent soulèvement populaire de 2019 réclamant plus de justice sociale.

>> L'analyse d'Anne Lavanchy dans Forum :

Le Chili vote sur sa nouvelle Constitution: interview d'Anne Lavanchy
Le Chili vote sur sa nouvelle Constitution: interview d'Anne Lavanchy / Forum / 4 min. / le 4 septembre 2022

Une Constitution datant de la dictature

L'actuelle Constitution, rédigée sous la dictature d'Augusto Pinochet (1973-1990), est toujours, malgré plusieurs réformes successives, considérée comme un frein à toute réforme sociale de fond.

Base néolibérale d'un modèle qui a permis des décennies de stabilité et de croissance économique, elle a aussi engendré une société profondément inégalitaire.

La proposition entend notamment que l'Etat puisse garantir aux citoyens chiliens le droit à l'éducation, à la santé publique, à une retraite ainsi qu'à un logement décent. Elle entend consacrer le droit à l'avortement, une question clivante dans le pays où l'IVG n'est autorisé que depuis 2017 en cas de viol ou de danger pour la mère ou l'enfant, ainsi que des droits environnementaux ou encore la reconnaissance des peuples autochtones.

"Vote conservateur"

Malgré la démonstration de force des partisans du "oui", qui ont réuni plus de 250'000 personnes jeudi soir à Santiago lors de la clôture de la campagne officielle - contre à peine 400 pour les soutiens du "non" -, les sondages prédisent, sans exception, la victoire du "je rejette" la proposition de nouvelle Constitution.

"Beaucoup de jeunes vont aller voter, surtout dans la capitale, et ces jeunes sont pour le changement. Mais cela ne signifie pas" que le vote d'approbation va l'emporter car il est donné perdant "dans le sud et le nord du pays", indique à l'AFP Marta Lagos, sociologue et fondatrice de l'institut de sondage Mori.

ats/ebz

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Nouveau processus en cas de non

Un rejet de cette proposition de Constitution, élaborée pendant un an par une assemblée constituante élue en mai 2021 et composée de 154 membres, ne signifierait pas pour autant le gel de toutes les réformes. Des "feuilles de route" ont déjà été élaborées.

Si le rejet l'emporte, le président Gabriel Boric a annoncé qu'il demanderait au Parlement de lancer un nouveau processus constitutionnel repartant de "zéro", avec l'élection d'une nouvelle assemblée constituante pour rédiger un nouveau texte.

Selon lui, le référendum de 2020, approuvé à 79%, a définitivement enterré la Constitution de l'ère Pinochet.

Si le oui l'emporte, la nouvelle Constitution entrera en vigueur dans 10 jours.