Liz Truss a été élue à la tête du Parti conservateur par une nette majorité des 200'000 adhérents. A 47 ans, elle deviendra mardi la quatrième Première ministre britannique depuis le référendum du Brexit en 2016. Elle est aussi la troisième femme à ce poste dans l'histoire du Royaume-Uni après Margaret Thatcher et Theresa May.
La nouvelle locataire de Downing Street prend ses fonctions dans un contexte économique et social explosif, avec une inflation qui dépasse les 10% et devrait encore considérablement augmenter, et une hausse exorbitante des factures d'énergie qui étrangle familles, entreprises et services publics.
"Je mettrai en oeuvre un plan audacieux pour réduire nos impôts et augmenter la croissance de notre économie", a-t-elle déclaré après l'annonce de sa victoire, promettant également de s'attaquer à l'explosion des prix de l'énergie pour les ménages et aux problèmes de "long terme" concernant les approvisionnements en énergie.
Projet de réforme fiscale
Durant sa campagne, Liz Truss avait séduit en promettant des baisses d'impôts massives et en adoptant un ton très dur contre les syndicats. De son côté, Rishi Sunak, richissime ex-banquier, a perdu des points en prônant un réalisme économique loin des "contes de fées" et a été vu comme un technocrate donneur de leçons incapable de comprendre les difficultés des ménages.
Dimanche, Liz Truss a assuré sur la BBC qu'élue, elle agirait "dès la première semaine" pour aider les Britanniques avec leurs factures d'énergie, refusant toutefois de préciser la nature concrète des mesures qu'elle comptait prendre. Selon plusieurs médias britanniques, elle envisage un gel des prix de l'énergie.
Elle a aussi souligné qu'elle présenterait "d'ici un mois" un projet de réforme fiscale pour faire face à la crise.
Devant la reine mardi
De son côté, Boris Johnson a refusé de soutenir publiquement l'un ou l'autre des prétendants et a assuré son successeur de son soutien dans un message d'adieu paru dans le Sunday Express, estimant que les finalistes étaient tous les deux "plus que capables" d'occuper le poste. Il n'a toutefois pas écarté un retour en politique.
Boris Johnson ira dès mardi remettre sa démission à Elizabeth II dans sa résidence d'été de Balmoral, en Ecosse, une première pour la souveraine de 96 ans qui a du mal à se déplacer et ne fera pas le voyage à Londres.
Liz Truss doit elle aussi se rendre mardi en Ecosse pour y rencontrer la reine Elizabeth, qui lui demandera de former un gouvernement.
gma avec afp
Félicitations internationales
Le président de la Confédération, Ignazio Cassis, a salué l'élection de Liz Truss. "Je suis impatient de travailler ensemble pour renforcer notre partenariat de longue date et notre coopération économique dans les mois à venir", a écrit le Tessinois sur Twitter.
Le président français, Emmanuel Macron, a aussi adressé ses félicitations."Je dis 'Bienvenue' à Liz Truss, je lui exprime toutes les félicitations de la France", a-t-il déclaré.
Le chancelier allemand Olaf Scholz a de son côté assuré avoir hâte de travailler "en ces temps difficiles" avec Liz Truss. "Le Royaume-Uni et l'Allemagne vont continuer à travailler étroitement ensemble, comme partenaires et comme amis", a-t-il ajouté.
La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a quant à elle déclaré espérer "le respect intégral (des) accords" entre le Royaume-Uni et l'UE. "J'espère une relation constructive", a-t-elle écrit sur Twitter, alors que Liz Truss a menacé de passer outre l'accord post-Brexit signé par Londres avec Bruxelles sur l'Irlande du Nord.
Le Premier ministre indien Narendra Modi a aussi félicité Liz Truss. "Je suis confiant que, sous votre direction, le partenariat stratégique global entre l'Inde et le Royaume-Uni sera encore renforcé."
Une politicienne chevronnée
Liz Truss a derrière elle une carrière politique parfois tortueuse. Née le 26 juillet 1975 dans une famille très à gauche, elle a d'abord milité au parti centriste Libéral-Démocrate avant de rejoindre les conservateurs, pour qui elle devient députée en 2010, pour la circonscription de South West Norfolk (est de l'Angleterre).
Depuis 2012, Liz Truss a enchaîné les postes dans les ministères (Education, Environnement, Justice puis secrétaire en chef du Trésor). Elle a connu défaites et revers: elle a failli perdre l'investiture aux législatives en raison d'une aventure extraconjugale et a été rétrogradée par Theresa May après un passage difficile à la Justice.
Elle aurait pu aussi payer son vote contre le Brexit en 2016. Mais elle en est ensuite devenue l'une des plus ferventes supportrices, négociant et vantant de nouveaux accords de libre-échange au ministère du Commerce international.
Nommée en 2021 à la tête de la diplomatie britannique, une manière pour Boris Johnson de contrôler ses ambitions, elle s'est montrée intransigeante face à l'Union européenne sur l'Irlande du Nord, et a incarné avec Boris Johnson la fermeté contre la Russie après l'invasion de l'Ukraine.
Liz Truss a aussi alimenté des comparaisons avec Margaret Thatcher, ultrapopulaire dans la majorité, en posant sur la tourelle d'un char ou en portant un chemisier à fleurs caractéristique.
Démission de la ministre de l'Intérieur Priti Patel
Priti Patel a annoncé lundi sur Twitter qu'elle démissionnait de son poste de ministre de l'Intérieur, quelques heures après l'annonce de l'élection de Liz Truss à la tête du Parti conservateur pour succéder à Boris Johnson comme cheffe de file des Tories et comme Première ministre.
"Avoir servi comme ministre de l'Intérieur est ma plus grande fierté", a écrit Priti Patel dans un tweet. "Je suis fière de nos efforts pour soutenir les forces de l'ordre, réformer notre politique d'immigration et protéger notre pays."
Priti Patel a félicité Liz Truss pour sa victoire dans sa lettre de démission, publiée sur Twitter, et a expliqué qu'elle souhaitait se consacrer à son rôle de députée de la circonscription de Witham au Parlement une fois son successeur désigné.