Lancée le 12 septembre 2012, l'app à la flamme est aujourd'hui disponible dans 190 pays, a été téléchargée plus de 500 millions de fois et généré plus de 70 milliards de "match".
"C'est une industrie énorme", concède le sociologue Olivier Glassey lundi dans le 12h45. "Ces genres d'entreprises sont aussi incroyablement efficaces en collecte de données. On parle de centaines de pages de données sur nous-mêmes que nous livrons à ces géants. Après, ils vont essayer de faire fructifier ces données, soit dans différents types de sites de rencontre, soit peut-être pour d'autres types d'usages."
"La promesse du bonheur"
La RTS a recueilli le témoignage de Mathieu, qui souhaite rencontrer l'amour. Depuis deux ans, il a déjà créé plusieurs profils sur Tinder avant de se lasser face à l’absence de rencontres intéressantes.
"C'est peut-être une addiction, mais surtout la croyance qu’on peut rencontrer la bonne personne. On se dit qu’il faut tenter sa chance. C’est la promesse du bonheur", livre le célibataire de 44 ans.
Selon la sociologue Jessica Pidoux, Tinder s'apparente à un moteur de recherches. A une différence près. "Au lieu d'aller chercher quelque chose de précis, on va trouver des réponses immédiates. Tinder nous propose des personnes immédiatement, une quantité énorme de profils à évaluer. L'application nous fait aussi croire qu'on va louper une opportunité et c'est ça qui nous attire à revenir puisqu'on augmente les probabilités de trouver une personne", explique la spécialiste dans La Matinale.
Usage narcissique?
Pour Olivier Glassey, Tinder est "une sorte de magasin infini dans lequel on ne sait jamais si on est arrivé au bout du rayon". Un vaste terrain d'exploration, mais aussi de frustration.
"Près de 40% des personnes qui utilisent cette application indiquent le faire pour se sentir mieux, pour avoir un renvoi positif sur leur image. C'est un usage un peu narcissique, mais tout aussi important dans l'intérêt de l'application. Par contre, c'est aussi un univers très dur, sans parler des manipulations de l'algorithme. On peut se retrouver seul face à soi-même, ça peut faire du mal, d'autant plus si les 'match' ne sont pas là", souligne le sociologue.
Si Tinder est toujours l'application de rencontre numéro Un, le nombre de nouveaux utilisateurs était en baisse de 5% l'an dernier, selon le Financial Times. En cause: le désintérêt de la génération Z, soit les personnes nées au début des années 2000, et le nombre croissant de nouvelles plateformes de ce type.
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